JPMorgan gagnerait à se démanteler, selon Goldman Sachs

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és distinctes pour améliorer son fonctionnement selon sa rivale Goldman Sachs (Photo : Stan Honda)

[06/01/2015 18:06:39] New York (AFP) JPMorgan devrait se scinder en plusieurs entités distinctes pour améliorer son fonctionnement et ce n’est pas les régulateurs ou critiques du monde financier qui le disent mais… sa rivale Goldman Sachs.

Dans une note publiée lundi, les analystes de Goldman Sachs estiment que la banque dirigée par Jamie Dimon, 58 ans, est “victime de son propre succès”.

Ils estiment qu’un démantèlement de JPMorgan ferait grimper le titre en Bourse. La valorisation de l’institution gagnerait automatiquement 25% comparé à aujourd’hui, affirme Goldman Sachs.

JPMorgan valait 226,32 milliards de dollars en Bourse lundi soir, loin derrière sa compatriote Wells Fargo (275,98 milliards), première capitalisation bancaire de l’histoire.

“Notre analyse suggère qu’un démantèlement en deux ou quatre (entités) de JPMorgan devrait dégager de la valeur quel que soit le scénario retenu”, écrivent-ils encore.

– Bon pour les actionnaires –

Ils privilégient l’hypothèse d’une scission qui donnerait naissance à quatre sociétés indépendantes: la banque de détail, la banque d’investissement, la gestion d’actifs et la banque commerciale.

Le réseau d’agences bancaires (banque de détail) de JPMorgan vaudrait à lui seul 100 milliards de dollars, selon Goldman Sachs.

Cette scission aurait en outre l’avantage, selon Goldman, de permettre aux différentes entités d’échapper aux fortes exigences en matières de fonds propres et une meilleure rentabilité (ROE), l’indicateur de performance des banques.

Contacté par l’AFP, un porte-parole de JPMorgan, Andrew Gray, a refusé de commenter.

Un éventuel démantèlement de JPMorgan réduirait à néant l’édifice construit par Jamie Dimon depuis son arrivée en 2006. C’est lui l’artisan du renforcement de la banque à coups d’acquisitions (Bear Stearns, Washington Mutual) menées pendant la crise.

Cette stratégie a permis à l’institution de devenir la première banque américaine en termes d’actifs devant Bank of America et Citigroup.

M. Dimon a toujours défendu le modèle de sa banque expliquant qu’il permet de réaliser 15 milliards de dollars de chiffre d’affaires en plus et 3 milliards de dollars de synergies.

“Chacune de nos quatre principales activités opère avec de bonnes économies d’échelle et reçoit des avantages supplémentaires importants des autres activités”, défendait-il dans une lettre aux actionnaires l’an dernier.

“S’il (Jamie Dimon) pouvait garder les activités de banques d’investissement et d’affaires ensemble et donner leur liberté à la banque de détail il démantelerait le groupe demain”, indique à l’AFP Christopher Whalen, un ancien banquier devenu analyste chez Kroll Bond Rating Agency.

Pour M. Whalen, Goldman Sachs a raison de parler de scission mais le scénario de quatre entités indépendantes ne fait pas sens car il aurait du mal, selon lui, à recevoir le feu vert nécessaire de la Réserve fédérale (Fed).

“Le souci de la Fed serait de s’assurer que les quatres activités ont chacune assez de capital et d’attractivité. Or ce n’est pas le cas”, explique-t-il.

La banque de détail, connue sous l’enseigne Chase, est le talon d’Achille de JPMorgan, qui se repose sur le courtage, le financement des grandes entreprises et la gestion d’actifs pour dégager de gros bénéfices.

“Chase sans JPMorgan n’est pas excitante. La banque de détail ne gagne pas de l’argent. Les retours sur investissement ne sont pas là”, avance M. Whalen.

Goldman Sachs reconnaît elle-même qu’une scission va s’accompagner de risques “considérables”.

– “Too big to fail” –

JPMorgan est la banque américaine la plus rentable, avec un bénéfice net de 5,57 milliards de dollars au troisième trimestre.

Les conseils adressés par Goldman Sachs à JPMorgan viennent nourrir les arguments des régulateurs et des opposants du monde de la finance qui appellent au démantèlement des grandes banques américaines à l’origine de la crise de 2008.

Ces derniers veulent en finir avec la fameuse doctrine “Too big to fail” (trop grandes pour faire faillite), qui s’applique aux institutions financières dont la déconfiture mettrait en danger l’équilibre du système financier dans sa globalité.

Pour éviter une telle catastrophe, les autorités (gouvernants et régulateurs) sont obligées de venir à leur secours.

Goldman Sachs estime qu’est venu le “moment” du démantèlement de grandes institutions alors que la Fed demande un coussin supplémentaire de fonds propres aux grandes banques pour qu’elles puissent mieux absorber le choc de pertes sur leurs actifs de crédits

JPMorgan est la plus affectée et doit en conséquence disposer de fonds propres équivalant à 11,5% de ses actifs, soit en moyenne 2% de plus que ses rivales Bank of America ou Citigroup. Elle doit du coup lever plus de 22 milliards de dollars en plus pour être en règle avec les nouvelles normes imposées par la Fed.

“Avec le temps, les grandes banques vont se démanteler d’elles-mêmes mais ce ne sera pas radical. Il y aura des cessions de branches d’activités et d’actifs”, prédit Christopher Whalen.