Bata : la reprise globale paraît difficile

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à Paris, le 21 novembre 2014 (Photo : Eliot Blondet)

[27/11/2014 12:44:06] Paris (AFP) Une reprise globale de Bata, déclarée en cessation de paiement, sera difficile au vu des importantes difficultés financières et stratégiques du distributeur de chaussures, ont indiqué jeudi à l’AFP une source proche du dossier et FO commerce.

La société canadienne s’est déclarée vendredi en cessation de paiement devant le tribunal de commerce de Nanterre.

“Il nous a été accordé une période de surveillance de six mois”, a déclaré à l’AFP Fabrice Bucquet représentant FO au Comité d’entreprise.

Lors d’une audience mercredi, un administrateur et un mandataire judiciaire ont été désignés, a-t-il précisé.

Contactée par l’AFP, la direction s’est refusée à tout commentaire.

Toutefois, une source proche du dossier a souligné que “vu le montant des dettes, un plan de continuation avec l’actionnaire d’origine (les descendants du fondateur, NDLR) sera difficile à mettre en ?uvre”.

“La procédure va viser à sauver un maximum de ce qui peut l’être, notamment en terme d’emplois”, a souligné cette source. Il a suggéré qu’une reprise globale des actifs de la société sera compliquée à mettre en oeuvre.

Un premier point d’étape sera fait fin janvier/début février, lors d’une nouvelle audience devant le tribunal de commerce de Nanterre.

Selon le représentant de FO, troisième syndicat chez Bata derrière la CFTC et la CFDT, des repreneurs se seraient déjà manifestés, pour une reprise partielle.

Bata a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires de 91 millions d’euros, en baisse de 10% par rapport à l’année précédente, selon la source proche du dossier.

Et en 2014, “le recul sera largement à deux chiffres (supérieur à 10%, NDLR)”, a-t-elle prédit.

Il y a une trentaine d’années, Bata comptait 450 magasins en France contre 136 aujourd’hui où travaillent environ 800 salariés, selon FO.

“C’est le résultat d?une décennie d’erreurs stratégiques et commerciales”, assure FO dans un communiqué. La fédération du commerce pointe de “mauvais investissements”, des “mauvais choix de collections” et une “mauvaise gestion des rythmes commerciaux”.

Le syndicat dénonce également la “mutualisation européenne des services de l’entreprise” avec “un service comptable en Hollande, un service marketing en Tchécoslovaquie et un service achat en Italie”.

“Cette mutualisation, imposée par l?actionnaire principal M. Bata, qui était censée réduire les coûts, a déséquilibré les fondamentaux de l?entreprise en excluant les +savoir-faire+” affirme FO.

Et, “les collections 2014 printemps/été, automne/hiver, complètement décalées par rapport au marché français, ont donné le coup de grâce”, poursuit la fédération.

“Bilan implacable: les pertes seront en 2014 à hauteur de 30 millions d’euros soit un tiers du chiffre d?affaires”, conclut le syndicat.

Bata a été créée en 1894 par une famille tchèque, qui a ensuite émigré au Canada dans les années 1930 pour fuir le nazisme. Elle voit ses ventes s’effriter depuis plusieurs années, en raison de la concurrence d’internet (dont les sites Zalando ou Sarenza), mais aussi d’enseignes d’habillement comme Zara, H&M, Celio, qui ont également lancé des collections chaussures, en cassant les prix.

La société fait également les frais des arbitrages de consommation dans une période de pouvoir d’achat contraint, avec un marché global de la chaussure qui recule encore de 10% cette année.