Tunisie – Banques : Ladjimi en remplacement de Haddad… pour sauver la TFB

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Laadjimi a été nommé nouveau président directeur général de la TFBank –ou
Tunisian Foreign Bank- lors du conseil d’administration du 26 septembre 2014 en
remplacement de Mehdi Haddad qui occupait ce poste depuis mars 2011.

Trois (3) années, est-ce peu pour redresser une banque en difficultés dépendant
totalement de la BCT? C’est ce qui, selon certains, aurait justifié la décision
de limogeage de M. Haddad.

Mehdi Haddad a hérité d’une situation catastrophique comme ce fut d’ailleurs le
cas du gouvernement Jomaâ. Comment la gérer? Quelles étaient les portes de
sortie dans une banque où certains fonctionnaires avaient atteint jusqu’à
180.000 euros de débit et que les créances douteuses, entre autres, en relation
avec certains pays du Golfe dont le Qatar, sont pratiquement irrécupérables?

Selon les commentaires de lecteurs «avisés» d’un journal électronique de la
place, le limogeage serait la résultante d’une gestion inefficiente de la
banque: «Les résultats de la TFB sont négatifs de -4.369 M’ en 2013 contre
-5.944 M’ en 2012, et sa situation financière est critique depuis l’arrivée, en
2011, de M. Haddad qui était son directeur d’exploitation». «La banque est
déficitaire depuis des années, et fait perdre de l’argent à l’Etat via la BCT et
les deux banques publiques, et en devises SVP! Tous les anciens directeurs de la
banque doivent être jugés y compris ceux de Tunis pour faute grave surtout suite
à l’amende de 800.000 euros de la Banque de France. Et que vient faire la BCT en
tant qu’actionnaire? C’est un objectif stratégique pour la Tunisie de perdre des
devises en France?»

Des commentaires qui ne sont pas tendres mais qui sont corroborés par les bruits
qui courent à la BCT confirmant cette thèse même si le laxisme de la «mère» des
banques y a été pour beaucoup.

Parmi les griefs exprimés par la Commission des sanctions de la Banque de
France, figurent ceux à titre d’exemple en rapport avec «l’insuffisance des
moyens dédiés au contrôle permanent pour mener à bien le contrôle des opérations
et des procédures internes à cause des départs et arrêts pour cause de maladie
de certains collaborateurs…; départ du contrôleur permanent de 1er niveau en
septembre 2011 et jusqu’à la fin du contrôle sur place… Le contrôle permanent
n’était plus réalisé… que les fiches de contrôles permanents quotidiens,
hebdomadaires et mensuels prévues par le manuel de procédures de contrôle
interne dont s’est dotée la TFB en septembre 2009 n’avaient donné lieu à aucune
remontée au siège depuis plusieurs mois, les dernières fiches de contrôle de
l’agence de Belleville datant du 10 décembre 2010. Celles des agences de Tunis
et de Pyramides n’étant plus remplies depuis respectivement mai et avril 2011».

Des manquements touchant les principes élémentaires pour une gestion saine d’une
banque qui se respecte.

Une banque malade des séquelles du passé

Toujours selon la Commission des sanctions, la TFB, qui a présenté des mesures
de redressement en mars 2011 tout de suite après la nomination de Mehdi Haddad,
n’a pas réussi à se remettre au diapason des normes requises en matière de
gestion bancaire saine. La raison en est qu’«elle impute entièrement la “quasi
paralysie“ de la fonction de contrôle interne, pourtant dévolue à 17 agents (sur
les 68 que compte la banque), à “l’absence d’implication et de diligence“ de son
directeur du contrôle général, déjà relevée lors des contrôles effectués par la
Commission bancaire en 2000 et en 2004, mais dont le statut de salarié protégé a
empêché qu’il fût licencié avant juin 2012; qu’elle indique avoir adapté le
dispositif de remontée des fiches du contrôle permanent à la mise en place de
son nouveau système d’information, dont elle décrit les fonctionnalités».

La TFB était malade depuis très longtemps de nombreux dysfonctionnements dus aux
différents intervenants de l’ancien régime dans une banque implantée hors du
territoire national et dont le capital est entièrement en devises. Selon un
expert sur place au courant des nombreuses péripéties traversées par la banque,
le PDG fraîchement débarqué avait commencé à mettre à exécution son plan de
restructuration: «Je ne comprends pas pour quelle raison on ne lui en a pas
laissé le temps, ni ce qui presserait les décideurs de la BCT de changer de tête
en ce moment précis».

La réponse est peut-être dans le fait que les élections législatives approchent
et qu’il y a de fortes chances pour que le haut de la pyramide de la BCT
lui-même change de tête. Quand on est sur le départ, on est bien obligé de
prendre des décisions.

Bonnes ou mauvaises, la BCT n’a pas jugé utile de réagir à nos sollicitations
pour avoir plus d’éclaircissements à propos de ce limogeage impromptu. Le
principal intéressé a, pour sa part, préféré user de son obligation de réserve.

Mais quelles que soient les raisons objectives ou subjectives de destituer un
haut responsable dans un Etat qui se respecte, par respect pour les
institutions, on use d’approches beaucoup plus courtoises que celle d’une petite
correspondance du genre «Vous êtes limogé, prenez vos clics et claques, partez,
il y a déjà un remplacent en route»!

Ceci même si les réalisations de la Banque à fin 2012 n’ont pas été conformes
aux objectifs fixés par son management. «Comparées aux objectifs du budget 2012,
les réalisations s’inscrivent en deçà pour ce qui est des concours accordés à la
clientèle, des ressources clientèles et du produit net bancaire. Par contre, le
niveau des charges de gestion est conforme au budget et le niveau d’endettement
auprès du marché interbancaire a été moindre».