Alstom : le patron de General Electric attendu à Paris avec une offre améliorée

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érence de presse à New York, le 11 mars 2013 (Photo : Allison Joyce)

[19/06/2014 07:54:59] Paris (AFP) Le ballet des prétendants à un mariage avec Alstom se poursuit jeudi avec la visite à Paris du patron de General Electric, attendu avec en poche une version améliorée de son offre pour damer le pion à Siemens et Mitsubishi.

Jeff Immelt, patron de GE, doit être reçu à l’heure du déjeuner par le ministre de l’Economie Arnaud Montebourg, puis rencontrer les syndicats d’Alstom, selon des sources concordantes. Il sera aussi reçu à l’Elysée, a indiqué une autre source proche du dossier.

M. Immelt devrait avoir dans ses bagages une nouvelle proposition, qui assaisonne son offre initiale – 12,35 milliards d’euros en cash pour les activités énergie d’Alstom – d’un certain nombre d’autres éléments: des co-entreprises dans plusieurs domaines, et une cession au français de son activité de signalisation, selon des sources au fait des discussions.

“Alstom aura le choix entre des offres de bien meilleure qualité que ce qui se passait au départ”, a affirmé jeudi matin dans un entretien à i-Télé le ministre des Finances Michel Sapin.

– Intenses négociations –

M. Immelt devait initialement se rendre à Paris lundi 23 juin, date d’expiration de l’offre soumise par GE fin avril.

Mais l’entrée en scène en début de semaine de Siemens et Mitsubishi Heavy Industries (MHI), qui ont dévoilé une offre combinant rachat partiel et alliances industrielles et s’emploient depuis à convaincre de sa supériorité, a précipité le retour de l’Américain.

Mardi, les patron de Siemens Joe Kaeser et de MHI Shunichi Miyanaga étaient venus à l’Elysée vanter les mérites de leur solution, élaborée de manière à satisfaire les exigences du gouvernement français, très impliqué depuis le début dans ce feuilleton à rebondissements.

Leur offre commune prévoit un rachat par Siemens des turbines à gaz d’Alstom, la création de trois co-entreprises entre le français et MHI, et une prise de participation de celui-ci dans Alstom. Ils ont également pris des engagements sur l’emploi, comme réclamé par Paris.

GE a d’emblée exclu de mettre plus d’argent sonnant et trébuchant sur la table. Mais le géant américain s’est livré ces derniers jours à d’intenses négociations avec Paris pour être tout de même en mesure de remporter le morceau.

Le gouvernement a tenté “de faire monter les enchères”, a expliqué M. Sapin sur i-Télé, “il essaie de faire enrichir les offres des uns et des autres”. Tout en ne soutenant “ni l’une ni l’autre”, a-t-il précisé.

Un conseil d’administration d’Alstom devrait être convoqué d’ici à lundi pour trancher sur les deux offres, selon une source proche du dossier.

– Quid du nucléaire? –

Dans l’offre de General Electric, semblent être sur la table: une co-entreprise dans les renouvelables, une dans les turbines hydrauliques, une autre dans les réseaux intelligents. Soit un découpage qui rappelle fortement les propositions de MHI.

GE céderait aussi à Alstom son activité de signalisation ferroviaire. Autant d’éléments qui feraient qu’au final, l’américain, pour qui l’opération serait la plus grosse de son histoire, paierait tout de même plus.

La place du nucléaire – Alstom fournit à EDF les réacteurs de ses centrales – est toutefois un point d’achoppement, selon des sources proches du dossier. Paris répugne à laisser passer sous pavillon américain cette activité stratégique, qui touche à la souveraineté du pays, en plein remaniement de son paysage énergétique.

Reste aussi la question du sort des activités transport d’Alstom, son autre grand pôle qui chapeaute entre autres le TGV. Siemens a laissé entrevoir la constitution, une fois le volet énergie bouclé, d’une alliance franco-allemande dans ce domaine, qui répondrait à une volonté politique d’un axe franco-allemand industriel.

En attendant, les syndicats français se montraient circonspects. “La meilleure solution est celle qui évitera le démantèlement du groupe Alstom”, a ainsi commenté mercredi FO Métaux dans un communiqué, réclamant l’entrée de l’Etat au capital d’Alstom.

Alstom emploie 18.000 personnes en France, sur un total de 90.000 dans le monde.