Tunisie-Am Cham-Tourisme durable : Amel Karboul plaide pour une transmutation touristique

Un Brand pour une Tunisie Unique et Forte et un marketing ciblé par marché et par produit. Amel Karboul, ministre du Tourisme, n’y va pas par quatre chemins. Elle veut engager la révolution ou la transmutation touristique tout de suite et maintenant. Ceux qui lui succèderont achèveront son œuvre et celle de son équipe. Cela s’appelle continuité de l’Etat.

tacc-tourismee-amelkarboul.jpgSon programme est de travailler sur la revalorisation de l’image de marque de la Tunisie, le développement du tourisme digital et la consolidation des dessertes aériennes entre notre pays et de nouvelles destinations.

Ce sont là les lignes directrices de la stratégie de la première responsable du département du Tourisme en Tunisie. Des lignes directrices qu’elle a retracées en toute clarté à ses hôtes de la Chambre de commerce tuniso-américaine «Am Cham» lors d’un déjeuner débat qui a eu lieu jeudi 22 mai en présence d’une délégation du Conseil américain pour les jeunes leaders politiques représentant différents Etats US et de Todd Homstrom, conseiller pour les affaires économiques et politiques de l’ambassade US.

«Mes priorités aujourd’hui relèvent de la gouvernance, de l’autonomie pour ce qui est de toute prise de décisions de la part de mes services, et le repositionnement de la Tunisie en tant que destination riche en culture et civilisation. C’est ainsi que nous pouvons parler de durabilité dans le secteur touristique, thème de votre débat aujourd’hui. Il faut entreprendre le saut qualitatif en faisant du secteur touristique un secteur de croissance prometteur pour le développement de l’économie».

Ce qui est réalisable, à voir la stratégie mise en place par le ministère, et qui consiste en la mise en place d’un plan pour la diversification des produits touristiques impliquant l’encouragement de nouveaux projets intégrés dans «l’écosystème avec une vision nationale et une déclinaison régionale».

Pour la ministre, 20% seulement de tourisme d’affaires en Tunisie c’est trop peu. C’est à accroître encore plus, mais il y a plus important encore pour ceux qui veulent venir dans notre pays: le brassage culturel et la découverte de l’autre. «J’y travaille avec mon équipe car cela me paraît possible à partir du moment où, imprégné de cette nouvelle stratégie que nous avons mis en place, chacun de nous apprend à prendre et assumer les décisions qui s’imposent pour servir les desseins de notre pays. D’ailleurs, je pense à mettre en place un observatoire sur le tourisme, pour suivre les tendances à l’international, évaluer régulièrement nos réalisations et nos performances, détecter nos défaillances et réagir rapidement aux carences du secteur».

Tod Holmstorm a assuré, pour sa part, que les Etats-Unis tiennent la Tunisie en haute estime: «L’image de la Tunisie est très positive dans notre pays, “Start-up democraty“, ces deux mots prononcés lors de la visite du chef du gouvernement Jomaâ aux States, ont eu un impact bénéfique sur la vision de la Tunisie par les Américains et c’est un argument de taille pour inciter nos compatriotes à venir visiter la Tunisie. La coopération sécuritaire entre nos deux pays est de plus en plus étroite et je pense que nos relations sont amenées à être plus solides dans les mois à venir».

Nombre de questions ont fusé de la salle, adressées à la ministre qui avait entamé son intervention en précisant qu’il ne s’agit plus de s’interroger sur «quel est le problème du tourisme tunisien mais plutôt sur comment le repositionner pour que la Tunisie ait la place qu’elle mérite dans le monde» (It’s not about the what, but the How).

Comment nous renouveler? Comment nous définir en tant que produit touristique diversifié et de qualité? Comment identifier les leviers urgents? Comment intégrer les priorités conjoncturelles? Comment capitaliser sur l’ensemble des études réalisées?

A l’interrogation “pourquoi nous n’arrivons pas à labelliser la Tunisie en tant que destination touristique et qu’est-ce qu’elle a à offrir de plus que les autres“, la ministre a rétorqué: «La réponse la plus évidente est que notre pays a beaucoup de choses à offrir au monde. Rares sont ceux qui connaissent notre histoire ou qui savent qu’il y a eu de grandes batailles entre Carthage et Rome en Tunisie, c’est dire notre déficit communicationnel pour ce qui est de la promotion de notre site en tant que site très riche en histoire, vestiges à l’appui. Nous avons un grand potentiel en matière de tourisme médical. Mais des problèmes à n’en pas finir pour ce qui est des réglementations, et c’est le hic dans ce genre d’activité, car où nous sommes dans la sur-réglementation ou son absence. Il faut trouver de meilleures formules pour que tout le monde en sorte gagnant et surtout que nos visiteurs ne soient pas déçus par la qualité de service».

La qualité des prestations, une composante clé du produit touristique tunisien sur laquelle planche la ministre et son équipe. Une ministre qui estime que l’on peut réaliser des victoires rapides (des “Quick wins“), en mettant 3 mois à réaliser des projets structurants nécessitant des délais plus longs (de 12 à 18 mois).

C’est assurément l’interdépendance du tourisme avec plusieurs autres secteurs économiques qui lui donne le rôle de pivot à condition que ses stratégies soient intégrées dans les plans de développement à l’échelle nationale. Le tourisme est lié à la culture, l’artisanat, le service, le business, mais également à l’agriculture, la pêche et même à l’industrie et les services.

Pour qu’il y ait sustainability ou développement durable, il faut que tous les secteurs cités plus haut aient voix au chapitre touristique et vice versa. Cela ne se fera pas en un jour, et c’est ce qui explique l’importance de la dimension “modernisation“ du secteur dans la stratégie du ministère du Tourisme: «la modernisation du secteur a pour enjeux la refonte du cadre institutionnel, la définition des mécanismes de financement du secteur et le renforcement de l’observation et du Pilotage stratégique de l’activité touristique».

En choisissant le thème «Tourisme et développement durable», Amel Bouchamaoui et les siens ont voulu projeter le tourisme tunisien dans l’avenir et débattre avec la ministre des modalités de le repositionner en le préservant et en assurant son expansion tous azimuts.