Japon : la banque centrale maintient le cap

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ège de la banque centrale du Japon, le 21 mai 2014 à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi)

[21/05/2014 06:41:55] Tokyo (AFP) La banque centrale du Japon a annoncé mercredi qu’elle maintenait en l’état sa politique d’assouplissement monétaire, qui “produit les effets voulus” en favorisant le retour d’une inflation modérée.

De façon révélatrice, le communiqué de politique monétaire publié par la BoJ à l’issue d’une réunion de deux jours de son organe directeur n’a fait aucune référence à la déflation, ce qui semble indiquer que, d’après la BoJ, le Japon s’en extrait.

“L’assouplissement monétaire quantitatif et qualitatif produit les effets voulus et la Banque va le poursuivre autant que nécessaire pour atteindre et maintenir de façon durable une inflation de 2%”, a expliqué la BoJ.

Les neuf membres de son comité de politique monétaire ont donc décidé de maintenir en l’état la politique instaurée en avril 2013, à savoir l’augmentation de la masse monétaire au Japon de 60.000/70.000 milliards de yens en rythme annuel (430/500 milliards d’euros), principalement via l’achat de davantage d’obligations d’Etat sur le marché secondaire.

La banque centrale a jugé que l’économie japonaise continuait “de se reprendre de façon modérée” et que les prix au détail (hors ceux des produits périssables) augmentaient au rythme annuel d’environ 1,25%. Ce ne sont certes pas encore les 2% visés, mais c’est mieux que les évolutions négatives des prix déplorées pendant des années qui décourageaient la consommation des ménages et l’investissement des entreprises.

Mettre un terme à ce phénomène pernicieux a constitué la principale mission assignée par le Premier ministre de droite Shinzo Abe à Haruhiko Kuroda, qu’il a nommé gouverneur de la BoJ il y a un peu plus d’un an. Depuis, la BoJ soulignait que sa politique monétaire assouplie instaurée dans la foulée avait pour but “de vaincre la déflation qui dure depuis près de 15 ans”, une phrase qu’elle a gommée cette fois ne mentionnant plus que l’objectif d’inflation de 2%.

– Spéculations sur un nouvel assouplissement –

La BoJ s’est félicitée de la bonne tenue de la plupart des indicateurs de la troisième puissance économique mondiale (consommation, emploi, investissement, exportations, entre autres). “La consommation privée et l’investissement immobilier restent solide, grâce à la bonne situation de l’emploi et des revenus”, a notamment souligné l’institut qui a toutefois observé une baisse de la demande après la hausse d’une taxe sur la consommation le 1er avril.

Cette taxe (équivalente à la TVA française) est passée de 5% à 8%, une décision du gouvernement pour tenter de contrôler la dette publique colossale du pays. Les consommateurs se sont rués dans les magasins avant cette hausse pour acheter toutes sortes de produits, ce qui a dopé l’activité au Japon au premier trimestre au cours duquel le produit intérieur brut (PIB) a bondi de 1,5% par rapport au quatrième trimestre 2013.

Mais un retour de bâton est attendu ce printemps au cours duquel le PIB pourrait diminuer, d’après les économistes. De ce fait, de nombreux analystes et opérateurs des marchés tokyoïtes spéculent sur le fait que la BoJ pourrait assouplir davantage sa politique monétaire dans les semaines et mois à venir, pour aider l’économie nippone à repartir de l’avant et accélérer la montée de l’inflation.

Après avoir fortement augmenté, l’évolution des prix à la consommation s’est stabilisée: chaque mois de décembre à mars, ces prix ont grimpé de 1,3% en rythme annuel. En outre, une part de cette hausse est due à des facteurs externes, notamment la montée des prix de l’énergie renchéris par la dépréciation du yen qui élève le coût du pétrole et du gaz importés au Japon.

En assouplissant sa politique monétaire à grand renfort de communication, la BoJ veut surtout enclencher un cercle vertueux créateur d’inflation sur le marché intérieur. Il s’agit de convaincre les Japonais que les prix vont augmenter pour les pousser à acheter avant que les tarifs ne s’élèvent afin de dynamiser l’activité. Il s’agit du processus inverse de la déflation qui incite au contraire à attendre que les prix diminuent davantage avant d’ouvrir son portefeuille, ce qui entrave l’activité.