Un inventeur se dresse en “apôtre” du “Made in Ghana”

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à Gomoa Mpota le 12 février 2014 (Photo : Chris Stein)

[31/03/2014 16:08:49] Accra (AFP) Avec ses téléviseurs dont on change le volume en claquant des doigts, ses robots qui parlent et ses voitures qui démarrent à l’aide d’une montre en or, un inventeur autoproclamé “la star de l’Afrique” espère révolutionner le secteur industriel ghanéen.

Grâce à sa forte croissance économique, le petit pays ouest-africain a vu se développer une classe moyenne demandeuse de voitures, d’ordinateurs et de téléphones portables notamment.

Mais presque aucun produit de ce type n’est fabriqué au Ghana –la plupart étant même importés au-delà du continent africain.

Kwadwo Safo aimerait changer la donne. Son entreprise Kantanka présente des prototypes fabriqués en partie avec des matériaux locaux dans des expositions annuelles depuis des années.

– Un marché difficile à pénétrer –

L’inventeur compte ouvrir une usine, cette année, et lancer la production de ses voitures “made in Ghana”.

Les experts doutent que des voitures produites localement puissent concurrencer les quelque 12.000 véhicules neufs et 100.000 véhicules d’occasion importés chaque année.

Mais de nombreux Ghanéens rêvent que Kantanka donne un volet industriel à une économie certes florissante (la deuxième de l’Afrique de l’Ouest), mais qui repose sur les matières premières: cacao, or et pétrole.

– Voitures et hélicoptères de combat –

Le Ghana dépend des importations pour la quasi-totalité de ses équipements et de son parc automobile.

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énagée par Kantanka à Gomoa Mpota le 12 février 2014 (Photo : Chris Stein)

Couplée avec une inflation grimpante et une chute du cours de l’or, cette dépendance a contribué à faire perdre près d’un quart de sa valeur au cédi, la monnaie locale, l’année dernière, malgré une croissance économique de 7%.

Lors de son discours sur l’état de la Nation le mois dernier, le président ghanéen John Dramani Mahama a mis l’accent sur l’importance de la production d’aliments de base “made in Ghana”, tels que la volaille, les tomates ou le riz.

Mais M. Safo et son équipe sont convaincus que leur pays doit voir plus grand que l’agriculture.

Une fois que “l’apôtre”, tel que Safo est surnommé, aura perfectionné sa technologie, son rêve “est de se développer sur tout le continent” explique Alfred Akutteh, un technicien du “Centre de Recherche Technologique de l’Apôtre Safo”.

“C’est pour ça qu’il dit qu’il est la star de l’Afrique”, poursuit l’employé.

L’inventeur est aussi un pasteur à succès, qui possède pas moins de 137 églises. Mégalo, il cultive une image d’envoyé de Dieu ou de héros panafricain. “Il se voit comme un sauveur de l’Afrique”, explique Frimpong-Boateng.

Le Centre de Recherche Technologique de l’Apôtre Safo se trouve à une soixantaine de kilomètres à l’ouest d’Accra, près du village de Gomoa Mpota.

Quelque 250 apprentis confectionnent des prototypes aussi variés qu’un hélicoptère de combat ou une voiture de type SUV qui démarre en appuyant sur un bouton sur une montre en or, ou un robot-gardien qui parle.

La plupart sont des prototypes qui n’ont jamais quitté les ateliers.

Ces apprentis ne réalisent que deux à trois moteurs de voitures par an, selon M. Akutteh, mais la nouvelle usine pourra produire trois à quatre voitures par jour.

– ‘Le sauveur de l’Afrique’ –

Avant de devenir un inventeur, M. Safo était soudeur, rappelle son ami de longue date Kwabena Frimpong-Boateng.

M. Safo n’a pas répondu aux nombreuses demandes d’interviews de l’AFP.

Après s’être fait la main sur des tableaux électriques et des stabilisateurs de tension, il s’est lancé dans la confection de sa première voiture, une réplique de la Mercedes Sedan, qui dort maintenant recouverte de poussière, sous un arbre du centre de recherche.

Des portraits de “l’apôtre” avec ses grosses lunettes de soleil sont accrochés dans ses églises, ses ateliers et même sur les flancs de ses prototypes de voiture.

Une carrière de pierres, des cliniques, des écoles et une compagnie de bus financent l’entreprise Kantanka.

Ses apprentis sont presque tous des fidèles de son Eglise qui travaillent gratuitement en échange d’un logement et du couvert et parfois d’une bourse d’études à l’université.

“En voyant la vision de l’apôtre, être le père de l’Afrique, nous avons tous un rôle à jouer, pour l’aider et aider le Ghana et l’Afrique a exister sur la carte du monde”, explique Nyan Saba Safo Kantanka, qui travaille depuis cinq ans dans le centre.