France – Politique – Médias : Robert Ménard, de la défense de la liberté de la presse à celle de l’extrême droite!


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y a très peu de journalistes tunisiens, de journalistes en général, qui ne
connaissent pas Robert Ménard, le bouillonnant porte-parole, durant des années,
de Reports Sans Frontières (RSF), ONG qu’il a grandement contribué, avec
d’autres certes, à rendre la plus grande ONG de défense de la liberté de presse
dans le monde.

Mais alors comment se fait-il que Robert Ménard se retrouve, à l’entre deux
tours des municipales françaises, à la tête d’une liste, en première place pour
briguer la Marie de la ville de Béziers, soutenue par le Front National et
défendant ses idées sans s’en cacher?

Robert Ménard est-il revenu à Béziers, sa ville d’enfance, pour renouer avec un
passé de fils de pied noir qu’il a refoulé toute sa vie? C’est la question qui
se posent plusieurs observateurs, particulièrement parmi les journalistes
français, anciens amis et collègues de Ménard durant les années RSF.

L’expression française de «mangeur à tous les râteliers» peut très bien convenir
dans le cas Ménard! Issue d’une famille catholique, il est né à Oran qu’il a
quitté à 9 ans pour habiter Béziers, il est proche des milieux anarchistes puis
trotskistes et milite à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), de 1973 à
1979. Il s’inscrit par la suite au Parti socialiste, qu’il rejoint via le
courant du CERES, l’aile gauche du PS; il sera délégué du CERES pour la
Fédération de l’Hérault au congrès de Metz (6 au 8 avril 1979). Il démissionne
du PS six mois après l’élection de François Mitterrand à la présidence de la
République en 1981.

Robert Ménard fonde Reporters Sans Frontières le 25 juin 1985 à Montpellier avec
plusieurs collègues journalistes et des personnalités de gauche. Entre temps,
Ménard a presque tout fait, et il l’a fait dans tous les sens. Il a créé une
radio et un magazine. Il a protesté contre Ben Ali qui l’accuse, en 2005,
d’avoir saccagé les bureaux parisiens de l’Office national du tourisme tunisien,
plusieurs despotes africains et autres, mais il a toujours eu tendance à ménager
les patrons de la presse française, ce qui lui a été reproché par beaucoup.

Il a fustigé Bachar El Assad en 2008 mais a été proche d’un ami de Mouammar
Kadhafi, puis a été directeur d’un centre pour la liberté de l’information au
Qatar, sous le patronage de Mouza -la femme de l’émir et peu en pointe, elle et
son émir d’époux, en termes de démocratie.

Il opère un grand retour vers la droite après son mariage avec la juriste
Emmanuelle Duverger, connu par son catholicisme. Après avoir annoncé en 2011
qu’il “ne voterait pas pour le Front national”, il fait aujourd’hui campagne
avec eux, dans une liste soi-disant «trans-partisane» qui doit rassembler de «la
gauche à l’extrême droite», d’après Ménard, mais elle qui est composée de six
militants du Front national, un du Rassemblement Bleu Marine (extrême droite
aussi), trois de Debout la République (classé Divers droite), un du
Rassemblement pour la France, et de six UMP ou ex-UMP.

Ce parcours atypique de Robert Ménard, qui l’a conduit aujourd’hui à défendre
les positions du Front National sur l’immigration et l’Islam en France, devra
faire réfléchir plus d’un sur les soutiens de ces ONG qui, ces jours-ci,
pullulent chez nous à tous les coins des rues.