Le vote suisse accueilli pour l’heure avec flegme par les marchés financiers

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à Zurich, le 6 février 2014 (Photo : Michael Buholzer)

[10/02/2014 12:05:26] Paris (AFP) Les marchés financiers restaient de marbre lundi après le rejet par les Suisses de la libre circulation européenne, tout en s’interrogeant sur les futures relations du pays avec l’Europe, son premier partenaire commercial.

Aucun stress particulier n’affectait lundi matin la place financière helvétique, dont la monnaie était par exemple stable.

Vers 11H50 (10H50 GMT), la devise helvétique s’établissait à 1,2231 franc suisse pour un euro (contre 1,2239 vendredi soir) et à 0,8970 franc suisse pour un dollar (contre 0,8977).

Le taux d’emprunt à 10 ans de la Suisse, pays peu endetté, se tendait quant à lui très légèrement à 1,026% (contre 1,012% vendredi à la clôture) sur le marché secondaire où s’échange la dette déjà émise.

De son côté, l’indice vedette de la Bourse de Zurich prenait 0,23%.

Les électeurs suisses ont dit “oui” dimanche, à une courte majorité de 50,3%, à une limitation de l’immigration.

Le texte prévoit le rétablissement de quotas et de contingents, pour les étrangers, les frontaliers et les demandeurs d’asile en fonction des besoins et des possibilités du pays.

Les économistes de Credit Suisse considèrent ce résultat comme une “surprise”, mais estiment que les conséquences immédiates sur l’économie “devraient être limitées”.

– Des conséquences possibles à plus long terme –

“Il y a peu de raisons que cette nouvelle ait un impact important sur les marchés à court terme”, renchérit René Defossez, stratégiste chez Natixis, ajoutant que le pays “nous habitue régulièrement à ce genre de situation”.

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évrier 2014 à Zurich (Photo : Michael Buholzer)

Selon lui, si les conséquences sont limitées pour l’heure puisque la décision ne concerne pas la circulation des biens et des capitaux, elles pourraient se matérialiser à plus long terme en cas de mesures prises en réaction à ce vote par l’Europe.

La Commission européenne a rapidement “regretté” la décision des Suisses et a prévenu qu’elle “examinera les implications de cette initiative sur l’ensemble des relations entre l’UE et la Suisse”.

Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a estimé qu’il s’agissait là d’un vote “préoccupant”, “parce qu’il signifie que la Suisse veut se replier sur elle-même”. “Et c’est paradoxal car la Suisse fait 60% de son commerce extérieur avec l’Union européenne”, a-t-il relevé.

“Ca va les pénaliser”, a ajouté M. Fabius, en estimant que “la Suisse toute seule ne représente pas une puissance économique considérable”.

Selon Credit Suisse, le vote pourrait remettre en cause les traités bilatéraux de la Suisse avec l’Union Européenne, “qui ont permis la libre circulation des travailleurs entre l’UE et la Suisse depuis le milieu de la dernière décennie”.

La Suisse est liée à l’UE par une série de sept accords bilatéraux (transports, recherche, agriculture, marchés publics…) dont celui sur la libre-circulation.

Une révision de ces accords pourraient avoir des conséquences “significatives” pour l’investissement et la croissance économique en Suisse, prévient la banque helvétique.

En outre, “il faudra voir si le gouvernement suisse sera capable de négocier un nouvel accord favorable avec l’UE qui limite les effets potentiellement négatifs”, selon elle.

“S’il y a des mesures de rétorsions comme une réduction de la circulation des biens et des capitaux, mécaniquement cela aura des conséquences négatives à plus long terme sur la croissance et les marchés”, renchérit M. Defossez.

Cela aura d’autant plus d’impact que “l’Europe reste le principal partenaire de la Suisse”, rappelle le stratégiste.