Recapitalisation de PSA : les actionnaires minoritaires inquiets du schéma Etat-Dongfeng

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Le logo de Peugeot (Photo : Philippe Huguen)

[04/02/2014 12:11:13] Paris (AFP) La présidente de l’Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), Colette Neuville, a mis en garde le président du conseil de surveillance de PSA concernant le projet de renflouement du constructeur par le Chinois Dongfeng et l’Etat français.

PSA a annoncé en janvier un projet d’arrivée de Dongfeng et de l’Etat dans son tour de table, dans le cadre d’une augmentation de capital de 3 milliards d’euros. Ces deux nouveaux actionnaires devraient prendre chacun 14% du capital, à la même hauteur que la famille Peugeot, qui était jusqu’à présent l’actionnaire de référence.

Dans son courrier adressé lundi à Thierry Peugeot, avec copie au président de l’Autorité des marchés financiers (AMF) Gérard Rameix, Mme Neuville s’interroge en particulier sur l’existence d’un projet d’entreprise partagé par ces trois actionnaires “en dépit des motivations particulières propres à chacun d’entre eux”.

Selon elle, s’ils sont d’accord sur “les mesures à prendre durant la période cruciale où il s’agit de mettre en oeuvre une stratégie capable de redresser la société”, ils devraient être considérés comme agissant de concert et donc être contraints de lancer une offre publique d’achat (OPA) puisque détenteurs de plus de 30% du capital et des droits de vote.

Risque de “paralysie”

En revanche, il y aurait “tout lieu de s’interroger sur le bien-fondé du schéma capitalistique envisagé qui donnerait le pouvoir (…) à trois actionnaires en possible désaccord sur les mesures à prendre, au risque de paralyser la société et de la rendre ingouvernable à un moment décisif de son histoire”, a-t-elle relevé.

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à Wuhan, en Chine, le 2 juillet 2013

Autre point d’inquiétude: l’écart de traitement entre actionnaires étant donné la “forte décote” prévue pour les actions nouvelles destinées à l’Etat français et à Dongfeng.

Mme Neuville a appelé à la mise en place préalable de “mécanismes compensant intégralement la décote” avec des caractéristiques convaincantes pour les actionnaires “et pas seulement l’expert indépendant appelé à attester de l’équité de l’opération”.

Son intention est en effet de sensibiliser les actionnaires actuels du constructeur français, qui détiennent 75% du capital et 62% des droits de vote, “qu’ils ont un vrai pouvoir de faire évoluer le schéma et qu’ils ne sont pas obligés de subir”, a-t-elle expliqué à l’AFP.

Projet d’entreprise

“Personne ne conteste le besoin de recapitalisation, ni la nécessité de partenariat avec des constructeurs chinois mais il ne s’agit pas simplement de remplir les caisses. Il faut un projet d’entreprise commun et un traitement équitable de tous les actionnaires”, a-t-elle relevé.

L’Adam défend une solution alternative de recapitalisation par appel au marché. Cela n’empêcherait pas des partenariats commerciaux et industriels avec Dongfeng, mais sans prise de participation, et éviterait d’avoir un Etat actionnaire “avec tous les problèmes que cela comporte”.

Selon Mme Neuville, “la participation importante de l’Etat dans le capital risque d’écarter de la société un certain nombre d’investisseurs, ainsi que de rendre plus difficiles les alliances avec d’autres constructeurs, pourtant nécessaires pour que l’entreprise atteigne une taille adéquate”.