Le “piège“ identitaire dans la Constitution tunisienne!

Se murer dans une obsession identitaire comporte deux dangers. D’abord, l’enfermement culturel alors que l’humanité a basculé dans la mondialisation brisant l’autarcie des civilisations les plus hermétiques. Ensuite, l’auto-exclusion de la communauté internationale. Cette attitude pourrait être perçue comme un signe hostile.

indentite-tunisienne.jpgSommes-nous Arabes et musulmans? Oui, cela ne fait pas de doute. La communauté internationale ne le nous conteste pas. La communauté nationale ne le renie pas. Notre identité ne nous est donc pas reniée de l’extérieur pas plus qu’elle n’est reniée de l’intérieur. Ni même qu’elle risque d’être éclipsée.

Pourquoi donc cet acharnement, chez certains, à faire de ce trait d’identité notre seule marque de fabrique? Pourquoi cherche-t-on à occulter l’unité nationale, qui doit être le ciment qui fait des Tunisiens un “Demos“, disent les Grecs, c’est-à-dire un socle national? Qui est visé par ce raidissement? Là est la question.

Le danger de l’enfermement culturel

Remonter aux origines, connaître et reconnaître ses racines, c’est, de notre point de vue, un acte d’identification culturel, sain et de bon aloi. C’est comme une analyse en labo, pour déterminer le matériau d’un élément. En revanche, se figer dans ses origines revient à se condamner à un confinement culturel.

Nous pensons que c’est une manière de refuser d’escalader l’histoire. C’est comme un individu qui s’accroche à son ADN sans chercher à adhérer à un système de valeurs.

En face de nous, Français, Espagnols, Italiens et autres Hollandais et Allemands se reconnaissent dans leur héritage gréco-latin, mais se projettent aussi dans des perspectives nationales. Le métissage culturel ne dissout pas l’identité, au contraire il la valorise. Et c’est une position “gagnant-gagnant“.

Pour faire court, cette dynamique a fait qu’Oussama Mellouli gagne à l’extérieur sous sa nationalité tunisienne. Pareil pour Hela Cheikhrouhou -une Tunisienne qui préside le Fonds vert de la planète, c’est-à-dire qui gère l’écologie pour le monde; Hela aura à gérer un budget annuel de 100 milliards de dollars Us, on excusera du peu!

Le péril de l’auto-exclusion

Le confinement identitaire, c’est une initiative délibérée de s’auto-exclure du reste de l’humanité. Le péril, ici, est que cela peut inciter les autres peuples à faire autant. Les relations internationales s’en retrouveront minées. Imaginons qu’en face de nous et par réaction les Européens ravivent leur identité chrétienne et la mettent en avant.

Plus à l’est du bassin méditerranéen, Israël trouverait un précédent, servi sur un plateau en or pour se proclamer davantage “Etat juif“. Qui pourrait l’en dissuader?

Alors examinons le décor, si cette perspective se vérifiait. On aurait la configuration appropriée pour faire ressusciter les guerres de religion. Le bouclier contre tous ces risques serait tout naturellement notre individualité nationale, c’est-à-dire notre tunisianité. C’est un héritage culturel méritant. Nous l’avons forgé avec ce qu’il faut de sagesse, de savoir et de connaissance, et cela nous a valu d’être validés par tous. Nous nous y reconnaissons tous. Ce cocon peut nous abriter tous et nous faire cohabiter.

Quel dessein derrière le renoncement à ce paravent? Mystère!