Bangladesh : les ouvriers du textile manifestent

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à Dacca, au Bangladesh, le 13 septembre 2013, pour réclamer une augmentation du salaire minimum (Photo : Munir Uz Zaman)

[21/09/2013 11:09:27] Dacca (AFP) Des milliers d’ouvriers du textile au Bangladesh ont bloqué des routes et attaqué des usines en dehors de la capitale Dacca samedi, exigeant un salaire mensuel minimum équivalant à 100 dollars américains.

Les manifestants, dont de nombreux étaient armés des bâtons, ont débrayé dans des dizaines d’usines de confection travaillant pour des grandes marques occidentales, et ont défilé des heures durant dans les principales zones industrielles de Gazipur, Mouchak et Ashulia.

“Il y avait au moins 20.000 ouvriers qui ont rejoint la manifestation. Ils ont bloqué des routes, exigeant une importante augmentation de salaire”, a déclaré Mustafizur Rahman, chef adjoint de la police de la zone industrielle de Gazipur, à l’AFP.

Le Bangladesh est le deuxième exportateur de vêtements au monde, fournissant notamment des grands noms tels que l’américain Walmart, le français Carrefour ou encore le suédois H&M. Pilier de l’économie, le secteur avec ses 4.500 usines représente 80% des exportations annuelles s’élevant à 27 milliards de dollars.

Mais la grande majorité des 3 millions de travailleurs ne gagnent qu’un salaire de base mensuel de 3.000 taka (38 USD) – soit un des plus bas au monde – suite à un accord tripartite entre les syndicats, le gouvernement et les fabricants signé en août 2010.

Des dizaines d’usines ont été obligées de fermer samedi quand les ouvriers ont délaissé leurs machines. Des manifestants en colère ont lancé des briques et des pierres sur quelque 20 usines qui avaient interdit à certains employés de se joindre aux protestations, a déclaré Rahman.

“La situation est calme à présent, depuis que les travailleurs ont pris la route vers Dacca pour rejoindre un rassemblement. La circulations sur les routes a repris et la manifestation dans la capitale se déroule dans le calme, a-t-il ajouté.

En juin, le gouvernement avait mis en place un groupe de travail spécial pour examiner les salaires et les syndicats ont demandé un salaire mensuel minium de 8.114 taka (100 USD).

Les propriétaires d’usine ont rejeté la demande, affirmant qu’ils pouvaient augmenter les salaires de seulement 20%, à 3.600 taka, en raison de la conjoncture économique mondiale morose.

La manifestation de samedi était la première à grande échelle touchant les revendications salariales depuis la demande des syndicats d’un salaire mensuel minimum de 100 dollars.

Les manifestations contre les faibles salaires et les mauvaises conditions de travail ont secoué le secteur de l’habillement du Bangladesh depuis l’effondrement en avril du Rana Plaza, qui a tué plus de 1.100 personnes.

La catastrophe a mis en évidence les conditions de travail déplorables dans les usines de vêtements du Bangladesh, où les ouvriers travaillent 10 à 12 heures par jour pour des salaires de misère.

En 2006 et 2010, des manifestations pour des hausses de salaires se sont transformées en affrontements meurtriers, avec des dizaines de morts et des centaines d’usines vandalisées.