Egypte : Est-ce un retour à la démocratie directe?

 

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20 voir 30 millions de personnes dans la rue en Egypte. Manifestement, la politique se fait de bas en haut. Et non le contraire. Les NTIC –pour Nouvelles technologies de l’information et de la communication- sont pour quelconque chose. Celles-ci ne seraient-elles pas en train de dessiner une autre voie de fonctionnement de la démocratie?

Et si le mouvement «Tamarrod» en Egypte était annonciateur d’une évolution qui va provoquer un certain retour à la démocratie directe. Une sorte de remake de la démocratie telle qu’elle était pratiquée notamment à Athènes (en Grèce) où tous les citoyens examinaient et votaient les lois et prenaient donc les décisions concernant l’espace public.

Voici un pays (l’Egypte) où les citoyens sont sortis le 30 juin 2013 dans la rue pour demander le départ d’un président pourtant élu. Un non-sens dans une démocratie telle que nous la connaissons aujourd’hui. Dans la mesure où s’il est vrai qu’un peuple peut descendre dans la rue pour présenter des revendications, on n’a jamais vu un peuple descendre pour demander le départ d’un président. Mais surtout avec une si grande mobilisation. Certains ont parlé de 20 millions de manifestants. Voire 30 millions.

En clair : si on manifeste pour exercer une pression sur le titulaire d’un mandat du peuple, on ne va pratiquement jamais jusqu’à exiger son départ pur et simple. Fait exceptionnel que certains expliquent par le fait que le président Mohamed Morsi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, aurait trahi la procuration qui lui a été octroyée par le peuple et les engagements faits publiquement devant le peuple. Ce dernier est le vrai détenteur et dépositaire du pouvoir. Et le seul détenteur de la «légalité».

Un débat est ici ouvert. Et sans nul doute qu’il sera enrichi par la littérature notamment scientifique qui sera produite par les chercheurs universitaires et autres experts des think tanks de la planète.

Et gare aux erreurs qui peuvent être commises !

L’essentiel est peut-être ailleurs. Un lien commun semble se dégager entre Tammarod et les récentes manifestations de la Place Taksim, en Turquie, ou encore du Brésil à l’occasion de l’organisation de la Coupe des Confédérations de football. Ici et là, les manifestent remettent en cause le mode de fonctionnement de la démocratie.

Comprenez que le peuple n’est plus d’accord sur le fait que ceux qu’il a élus puissent prendre des décisions du simple fait qu’ils ont le pouvoir. Souvent nous remarquons que les programmes initiés ne sont pas conformes à ceux annoncés parce que les acteurs politiques cachent leurs véritables intentions en promettant tout et le contraire au cours des élections, soit parce qu’ils se rendent compte une fois arrivés au pouvoir que les choses ne sont pas si simples.

En somme, le peuple semble vouloir se substituer à ceux qu’il a élus. Pourquoi n’exercent-il pas en effet lui-même le pouvoir? Ce qui revient à dire que l’on est peut-être en train de vivre une évolution qui veut que le pouvoir s’exerce de bas vers le haut et non de haut en bas. Et dans ce cadre, la moindre décision doit être prise conformément aux intérêts et à la lecture du peuple. Et gare aux erreurs qui peuvent être commises!

Il est à se demander dans ce cadre s’il ne s’agit pas de revenir à une démocratie directe. A ce propos, et outre l’exemple d’Athènes, l’histoire a connu d’autres exemples: les réunions communales (town meeting) de la Nouvelle-Angleterre aux États-Unis en 1620, l’Assemblée des paysans en Mir dans l’Empire russe, la Commune de Paris en 1871, les communautés libertaires espagnoles en 1936, les conseils ouvriers hongrois en1956

Force est de reconnaître que les NTIC sont un catalyseur de cette évolution avec les Facebook, Tweet et autres forums de discussion.

Force est également de constater que ces NTIC peuvent initier le cadre d’organisation de cette nouvelle démocratie directe. Avec ses cartes à puces identifiant toute personne qui n’a plus besoin de se déplacer aux Forums d’antan pour exprimer sa voix.