Tunisie – Gouvernement de technocrates : La réponse par la «Mallyounia» d’Ennahdha

image-manif-samedi-2013.jpgC’est finalement la rue qui tranchera le bras de fer entre Hamadi Jebali et son parti. Le “verdict“ sera donné par la «Mallyounia» appelée par les ultras.

En langage boursier, l’initiative de Hamadi Jebali s’apparente à une OPA*. Elle a été tournée en acte d’hostilité par la volonté des faucons d’Ennahdha. L’issue de cette opération sera réglée avant l’expiration du délai que s’est donné le chef du gouvernement. En effet, les initiateurs de la «Mallyounia» entendent répliquer aujourd’hui même. C’est la rue qui sera le théâtre de ce match gala. Le spectacle promet!

Hamadi Jebali tirera le premier

Le chef du gouvernement révèle un sens aigu de la théâtralité. On le voit bien jusque-là scénariser son action. Il n’y a pas de doute, il s’est octroyé le beau rôle. Occupant la pole position, il garde la main et c’est donc lui qui tirera le premier. Ce faisant, il met ses détracteurs en difficulté, réduisant leur possibilité de revenir dans la partie par une éventuelle contre-attaque. Mais ces derniers semblent décidés à lui barrer la route. C’est pourquoi Hamadi Jebali semble infléchir sa position, en recourant à une feinte tactique, pour briser l’offensive de ses adversaires.

Certaines fuites laissent entendre qu’il s’orienterait, dit-on, vers un panachage bien habile entre technocrates et figures politiques. Il reste déterminé à zapper les poids lourds des ministères régaliens. Mais il garderait des figures représentatives, tel Chedly Khadmi aux Affaires religieuses, qui seront là, en trompe-l’œil.

Ce mixage est un véritable tour de passe-passe, un habile subterfuge. Où est donc le truc? Il est dans le format du nouveau gouvernement. Ennahdha aura un pied dedans, en conservant quelques figures emblématiques à des portefeuilles, malgré tout, symboliques mais à blanc. Elle ne sera plus à la manœuvre, comme auparavant, n’étant plus aux ministères clés. L’opposition verra sa principale revendication, de neutralité des ministères de souveraineté, satisfaite.

Qu’est-ce que vous dites de ça?

Les mises en garde

Les faucons se sont répartis les rôles pour riposter à leur frère “dissident“, devenu l’ennemi du moment. Ils ouvriront deux fronts. Le premier sera légaliste. Le nouveau gouvernement doit, selon les ténors du parti, passer l’examen de passage obligatoire, devant l’ANC. Sahbi Atig et Habib Khedder, selon leurs déclarations publiques, fonctionnant en mode G2, lui couperaient l’herbe sous les pieds, le privant du vote du bloc nahdhaoui à l’ANC.

La seconde sera légitimiste et passera par la rue où Habib Ellouze projette de mobiliser le gros du bataillon des militants. Cette riposte conçue en étau peut-elle être efficace pour discréditer l’enfant du parti qui n’est plus tout à fait chéri pour ne pas dire devenu carrément maudit à cause de son acte de dissidence?

Le barrage à la Constitution relève, à bien des égards, du coup de poker menteur. Le bloc parlementaire se serait lézardé, dit-on. Et, arithmétiquement, compte tenu de l’appui des partis de l’opposition, une nouvelle majorité pourrait tout de même se former. Ce serait une coalition de circonstance, d’accord, mais elle serait bien cimentée par une motivation de terminer la dernière ligne de transition.

Restera la Manif’. Donc le verdict sera donné par la rue. Comment se soldera le combat des chefs?