Banque : 2,5% des ménages français victimes de débits frauduleux

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Des billets en euros (Photo : Samuel Kubani)

[10/01/2013 12:37:35] PARIS (AFP) 2,5% des ménages français ont déclaré avoir été victimes de débits bancaires frauduleux en 2011, souvent par internet, phénomène en augmentation qui n’est plus pris en compte dans les statistiques faute de plaintes.

600.000 ménages ont été victimes en 2011, en France, de ces débits opérés à partir de leurs comptes ou numéros de cartes, selon une étude de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publiée jeudi.

Une augmentation “très significative” par rapport à 2010 où 2% des ménages (500.000) avaient déclaré en avoir été victimes.

Ce travail a été réalisé par l’ONDRP lors de sa traditionnelle enquête dite de “victimation” consistant, avec l’Insee, à interroger les Français sur les faits de délinquance dont ils se disent victimes et pour lesquels ils ne portent pas toujours plainte.

Un peu plus de la moitié des victimes (52%) disent que le débit bancaire le plus récent les visant “a été effectué dans un commerce en ligne”, c’est-à-dire en utilisant leurs informations bancaires confidentielles, numéros de comptes, de cartes ou identifiants de connexion.

27% disent que le montant des débits est inférieur ou égal à 100 euros, 25% qu’il se situe entre 100 et 300 euros, 29% entre 300 et 1.000 euros, 19% supérieur à 1.000 euros.

Sept ménages sur dix déclarent avoir découvert l’existence de ces débits en consultant leurs relevés d’opérations. 56% ignorent comment le ou les auteurs ont procédé pour obtenir leurs informations bancaires. 44% disent avoir déposé plainte et 77% avoir été remboursés.

“3D Secure”

Selon l’un des responsables de l’ONDRP, Christophe Soullez, ces délits “sont en augmentation” car ils “offrent des opportunités de plus en plus importantes pour les délinquants: risque d’être rattrapé faible, gains rapides, apparente facilité”.

“C’est l’oeuvre de petits délinquants”, relève encore le criminologue, “mais aussi de réseaux criminels plus sophistiqués installés dans les pays de l’est – Roumanie par exemple – et d’Afrique de l’ouest”.

“Cela change des infractions classiques et offre de vastes champs criminels”, poursuit M. Soullez pour qui ce phénomène ne va cependant pas “augmenter de façon exponentielle”.

“Il y a de plus en plus de parades et de protections”, dit-il, “même si le délinquant s’adapte à tout”.

En juillet 2012, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, avait appelé les commerçants à renforcer leur sécurité après que l’Observatoire de la sécurité des cartes de paiement eut noté que la fraude était en “légère hausse” en 2011 soit 413,2 millions d’euros.

Il avait évoqué, pour y faire face, le système renforcé “3D Secure” que l’UFC-Que choisir appelle aussi de ses voeux dans un communiqué jeudi.

L’étude est d’autant plus intéressante, relève-t-on encore à l’ONDRP, que ne sont plus prises en compte des escroqueries courantes à la carte bancaire dans les statistiques de la délinquance.

Si les cartes ne sont pas volées, il n’y a plus de dépôt de plaintes depuis 2011, selon des directives de la Chancellerie qui entendait soulager ses parquets arguant que les victimes sont généralement remboursées.

Cela avait suscité l’ire du président de l’ONDRP Alain Bauer estimant que l’indicateur des infractions économiques de la statistique était ainsi “faussé”.

Seule l’enquête de victimation, portant sur 17.000 personnes de 14 ans et plus, donne désormais un aperçu des débits frauduleux, fait valoir l’observatoire.