La BCE devrait laisser ses taux inchangés, malgré la récession et le chômage

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à Francfort (Photo : Daniel Roland)

[10/01/2013 10:41:34] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) devrait laisser ses taux d’intérêt inchangés jeudi à l’occasion de sa première réunion de l’année, en dépit de la récession et d’un niveau de chômage record en zone euro.

“Nous n’attendons aucun changement de politique, avec un taux directeur stable à 0,75%, et pas d’annonce de nouvelle mesure exceptionnelle”, explique Annalisa Piazza, économiste chez le courtier Newedge.

“Une baisse de taux d’intérêt ou tout autre action de la BCE jeudi constituerait une surprise selon nous”, estime aussi Christian Schulz, de la banque Berenberg.

Le principal taux d’intérêt directeur de la BCE, baromètre du crédit en zone euro, a été abaissé en juillet à 0,75%, son plus bas niveau historique. Or au cours des dernières semaines, les membres de son directoire se sont attachés à calmer les attentes d’un nouveau relâchement monétaire, jugé nécessaire par certains en raison de la situation qui reste très dégradée.

La région est entrée en récession au troisième trimestre 2012, le chômage y affiche un niveau record (11,8% de la population active en novembre) et l’espoir d’une reprise rapide semble compromis alors que la crise de la dette qui la plombe depuis trois ans n’est toujours pas surmontée.

L’audition en fin de matinée du chef de file de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker devant la commission des Affaires économiques du Parlement européen à Bruxelles devrait donc être particulièrement suivie par marchés et analystes en quête de signaux sur la situation de la région.

Dans le même temps, les derniers indicateurs montrent “une stabilisation” économique, bien qu’à un niveau faible, tandis que le moral des investisseurs comme des ménages grimpe, rappelle Carsten Brzeski, d’ING.

Les taux d’emprunt des pays en difficulté de la région ont eux connu une nette détente au cours des derniers mois avec l’annonce de la BCE de son nouveau programme OMT de rachat d’obligations souveraines.

Cette tendance se poursuit: jeudi l’Espagne et l’Italie ont toutes deux réussi le test de leurs premiers emprunts de l’année, marqués par des taux en baisse.

Autant d’éléments qui ne devraient pas inciter la BCE à bouger d’un iota alors qu’elle juge sa politique monétaire déjà très accommodante et constate que sa dernière baisse de taux n’a pas eu d’effet notable sur le crédit et la croissance. Au contraire, les prêts au secteur privé ont reculé en novembre, pour le septième mois d’affilée.

L’institution monétaire de Francfort va aussi vouloir garder des munitions pour le cas où la conjoncture se dégraderait brusquement, estime par ailleurs Carsten Brzeski.

L’institution a livré des prévisions pessimistes en décembre: elle s’attend à un recul du Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro de 0,3% en 2013, contre une hausse de 0,5% pronostiquée en septembre. Si la reprise escomptée à partir de la fin du premier semestre ne se profile pas, la BCE pourrait être amenée à entreprendre de nouvelles actions.

Alors que plusieurs responsables européens, dont le président français François Hollande et le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, considèrent que le pire de la crise est passé, la BCE préfère d’ailleurs se montrer prudente.

Certes, l’état de la zone euro est “plus stable” qu’il y a un an mais “l’élimination des problèmes structurels et de compétitivité durera encore des années”, a averti la semaine dernière Jörg Asmussen, membre de son directoire.

De la conférence de presse à partir de 13H30 GMT de son président Mario Draghi, qui suit la décision sur les taux, les investisseurs attendent surtout d’éventuels “commentaires préliminaires sur l’évolution à venir” de sa politique monétaire, selon Thomas Hollenbach, de la banque LBBW.