Dassault Aviation : Eric Trappier prend ses fonctions à la tête du constructeur

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érignac près de Bordeaux, le 11 avril 2006 (Photo : Jean-Pierre Muller)

[08/01/2013 21:21:15] PARIS (AFP) Eric Trappier prend mercredi ses fonctions de PDG de Dassault Aviation, succédant à Charles Edelstenne, 75 ans, qui a fait du constructeur du Rafale un pilier de l’industrie française de la défense.

Eric Trappier, 52 ans, qui dirigeait jusqu’à présent les campagnes de vente d’avions de combat à l’étranger, prend la tête d’un groupe qui réalise les trois quarts de ses ventes grâce aux avions d’affaires et est devenu l’actionnaire industriel du groupe Thales, quatre fois plus grand que lui.

Il sera assisté d’un directeur général délégué, poste créé pour Loïk Segalen, le patron des finances et des ressources humaines du groupe.

Son premier défi sera de conclure le contrat de vente de 126 avions de combat Rafale à l’armée de l’air indienne. L’Inde avait retenu le Rafale en janvier dernier mais la négociation est complexe, New Delhi prévoyant de construire 108 appareils sur place avec ses propres sous-traitants.

“Au rythme où vont les négociations, les chances de conclure l’accord lors de cette année budgétaire sont hautement improbables”, a indiqué une source au ministère indien de la défense. L’année budgétaire 2012-2013 s’achève le 31 mars. “Mais nous pouvons nous attendre à quelques mouvements très positifs après mars”, a-t-elle ajouté.

Dans un entretien aux Echos de mercredi, M. Trappier a affiché sa confiance dans les chances du Rafale au Canada, face aux rivaux américains si ce pays décidait de lancer un appel d’offres pour des avions de combat.

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à Istres, le 19 décembre 2012 (Photo : Boris Horvat)

Le nouveau PDG, ingénieur de formation, devra également réussir le lancement, attendu au printemps, du prochain avion d’affaires, le SMS, sur lequel Dassault conserve le plus grand secret.

M. Trappier recevra dès mercredi les syndicats, qui vont rencontrer pour la première fois ce patron spécialiste des contacts avec l’étranger, a indiqué un délégué syndical.

“Continuité totale”

“La feuille de route de Dassault, c’est la continuité totale”, a déjà annoncé M. Trappier à l’occasion de la présentation du Neuron, un démonstrateur technologique qui préfigure un drone de combat européen.

Charles Edelstenne, PDG depuis 2000 et qui atteint mercredi la limite d’âge de 75 ans, a ajouté qu’il n’avait pas de conseil à donner au successeur qu’il s’est choisi, parce qu’il “est programmé pour ce job”.

Entré chez Dassault Aviation en 1983, Eric Trappier passe rapidement aux ventes à l’exportation. Il connaît bien les industriels européens, et notamment le britannique BAE Systems, avec lequel Dassault mène une étude sur le futur drone de combat européen.

Cet homme enjoué et courtois a conduit la négociation avec les Emirats Arabes Unis pour la vente de 32 avions de combat Mirage 2000-9, signée en 2008, et les tractations avec l’Inde pour la modernisation de ces Mirage et l’achat du Rafale. Au sein du groupe, il est connu pour son pragmatisme et son assurance. “Il n’est jamais désemparé”, dit de lui un collaborateur.

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çu par Dassault Aviation, le 19 décembre 2012 à Istres (Photo : Boris Horvat)

Plus réservé, voire austère, Loïk Segalen, 52 ans, tient les finances du groupe depuis plus de dix ans.

Charles Edelstenne prend la tête de la holding qui coiffe toutes les sociétés de la famille Dassault. “Je deviens l’actionnaire de Dassault Aviation. Je vais participer au conseil d’administration et toucher les jetons de présence”, a-t-il annoncé en plaisantant.

Sous sa direction, le constructeur historique du Mirage n’est pas seulement devenu une référence pour les avions d’affaires de haut de gamme mais un pilier de l’industrie de la défense française.

Dassault Aviation détient 26% du capital de Thales, aux côtés de l’Etat qui en conserve 27%. Le groupe d’électronique, qui équipe le Rafale, fabrique aussi blindés, satellites et drones et détient une participation de 35% dans le constructeur naval DCNS.

M. Trappier aura sans doute encore plus à faire que son prédécesseur pour préserver ce rôle clé face à un gouvernement qui dit se méfier des “intérêts privés” dans l’industrie de la défense.