L’Europe spatiale donne son feu vert à Ariane 6

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ée Ariane 5 à Kourou, en Guyane française, en août 2012 (Photo : Jérome Valette)

[21/11/2012 16:46:01] NAPLES (Italie) (AFP) Malgré un contexte financier et économique en berne, l’Europe spatiale, réunie mardi et mercredi à Naples (Italie), a fait le choix de préparer le développement d’une nouvelle génération de lanceurs, dite Ariane 6, pour succéder à la fusée Ariane 5.

Le Conseil de l’Agence spatiale européenne (ESA), qui a réuni les ministres en charge de l’espace des 20 pays membres, a été “couronné de succès”, a déclaré à la presse le directeur général de l’ESA, Jean-Jacques Dordain.

L’Europe spatiale s’est dotée d’un budget d’environ 10 milliards d’euros, une enveloppe globale sur une moyenne de trois ans.

Le directeur général de l’ESA avait proposé un budget de 12 milliards d’euros mais avait déclaré la semaine dernière qu’il s’estimerait satisfait avec un montant de l’ordre de 10 milliards d’euros, soit un budget stable par rapport au niveau actuel.

Ce Conseil de l’ESA se solde également par un succès pour la France, qui a su faire accepter par l’Allemagne un compromis sur le futur lanceur européen qui doit succéder à Ariane 5.

Les deux pays, principaux contributeurs de l’ESA avec l’Italie, partaient sur deux conceptions divergentes de l’avenir de la fusée Ariane, mal adaptée dans sa version actuelle aux évolutions du marché des satellites.

La France souhaitait que l’ESA engage le développement d’une nouvelle génération de lanceurs, Ariane 6, tandis que l’Allemagne soutenait une solution moins ambitieuse mais moins onéreuse, un version améliorée d’Ariane 5, dite Ariane 5 ME (pour midlife evolution).

“L’évolution vers Ariane 6 a été actée, avec l’objectif d’un lanceur plus robuste et mieux adapté à l’évolution du marché, tout en optimisant la transition pour garantir les emplois et les compétences industrielles”, a indiqué le ministère français de la Recherche.

Poursuite de la participation à l’ISS

L’accord prévoit cependant une étape de transition avec le lanceur Ariane 5 ME.

Celui-ci devrait ainsi être opérationnel en 2017 et préparer la mise au point d’Ariane 6, qui pourrait prendre son envol en 2021 ou 2022.

“Nous sommes ravis, on a eu le maximum de ce qu’on pouvait espérer”, a commenté auprès de l’AFP le PDG d’Arianespace, Jean-Yves Le Gall.

Entamé en 2008, le programme Ariane 5 ME vise à faire évoluer l’actuel Ariane 5 vers un lanceur plus puissant, doté d’un nouvel étage supérieur propulsé par un moteur rallumable, que ne possède pas aujourd’hui le lanceur européen.

La fusée Ariane 6, serait, elle, modulable en fonction de la charge à lancer, et mieux adaptée à des satellites qui tendent à devenir de moins en moins lourds.

Le budget de l’ESA prévoit, par ailleurs, la poursuite de la participation européenne à la Station spatiale internationale (ISS) jusqu’en 2020.

Les ministres ont également approuvé une collaboration d’envergure avec l’Agence spatiale américaine (Nasa) sur le projet américain de vaisseau spatial Orion, qui vise à envoyer des hommes sur la Lune d’ici 2020.

En matière d’exploration lointaine, le Conseil de l’ESA a enfin donné son feu vert à un projet d’accord avec la Russie pour une mission inhabitée sur Mars.

Elaboré par l’ESA en coopération avec la Nasa, le programme ExoMars prévoit l’envoi de deux sondes sur Mars –une sonde orbitale en 2016, et un module robotisé en 2018– pour effectuer notamment des forages dans le sol martien et ramener des échantillons sur Terre au début des années 2020.

Plus de 400 millions d’euros ont déjà été investis dans ce projet, que la Nasa a abandonné en février dernier. L’Europe s’est alors tournée vers la Russie, qui devrait fournir des fusées Proton pour les lancements des sondes, et en retour, pourra placer des instruments sur le satellite et le module robotisé.