France : le manque de compétitivité “défi majeur” de l’économie, selon le FMI

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étaire international, le 5 juin 2011 à Washington (Photo : Mandel Ngan)

[05/11/2012 14:28:57] PARIS (AFP) Le manque de compétitivité est le “défi majeur” de l’économie française et des “réformes d’envergure” doivent être menées pour relancer l’emploi et la croissance, tout en réduisant la dépense publique, estime lundi le FMI au terme de sa mission de surveillance menée en France.

L’ex-président d’EADS Louis Gallois a remis lundi un rapport très attendu sur la relance de la compétitivité au gouvernement, qui annoncera dès mardi ses premiers arbitrages pour un “pacte de compétitivité” alliant allégement du coût du travail et initiatives pour l’innovation.

“Les perspectives de croissance de la France demeurent fragiles en raison des faibles conditions économiques en Europe, mais la capacité de la France à rebondir est aussi contrainte par un problème de compétitivité”, écrit le FMI dans son rapport, publié à l’issue d’une mission annuelle sur la France.

Ce manque de compétitivité “émerge comme le défi majeur à la stabilité macroéconomique, la croissance et la création d’emplois”, et il se traduit “non seulement par une détérioration des performances de la France à l’export, mais aussi par les faibles taux de rentabilité des entreprises”, selon le Fonds.

Cette perte de compétitivité risque de devenir “encore plus sérieuse si l’économie française ne s’adapte pas au même rythme que ses principaux partenaires commerciaux en Europe”.

Le Fonds juge ainsi que la réflexion sur le sujet lancée “à juste titre” par le gouvernement français constitue “une opportunité unique pour entreprendre des réformes d’envergure”.

“Trois fronts”

Selon le FMI, il y a “trois fronts”.

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à Paris (Photo : Patrick Kovarik)

Le premier pour “soutenir l’effort de consolidation budgétaire sur le moyen terme, afin de réduire la dette publique tout en prenant garde à la qualité de l’ajustement afin d’accroître les incitations à travailler et à investir”.

Concrètement, si le gouvernement français a “démontré une forte détermination en matière budgétaire” et que ses initiatives pour “améliorer l’efficacité de la dépense publique” sont à “saluer”, le FMI juge que la France doit viser une réduction des dépenses “plus ambitieuse”.

Réduire plus la dépense devrait permettre “une baisse graduelle de la fiscalité à des niveaux proches de ceux des partenaires européens”.

Si toutefois il s’avérait que la faiblesse de l’activité économique dans la zone euro “persistait”, le FMI estime que la France, tout comme ses partenaires européens “devraient conjointement revoir la rapidité de l’ajustement budgétaire au niveau de la zone euro”.

Autre front ouvert par le Fonds, la correction des “dysfonctionnements du marché du travail qui entravent l’investissement, l’emploi et, en fin de compte, la croissance” et “accroître la concurrence dans le secteur des services”.

Le dialogue social sur le marché du travail lancé par le gouvernement est “une chance unique, qui ne doit pas être ratée”, afin de pouvoir lancer un programme de réformes structurelles pour “améliorer la compétitivité française et accroître sa capacité à créer des emplois”.

Le FMI se prononce ainsi en faveur d’un transfert des charges salariales vers la TVA plutôt que vers la CSG: “transférer le coût des allégements de cotisations patronales vers les taxes indirectes (TVA par exemple) aurait plus d’avantages économiques” qu’une augmentation de la CSG, qui pourrait n’avoir que des “effets temporaires” et accroître la pression fiscale sur les revenus du capital.

Enfin, le FMI juge qu’il faut “consolider les progrès importants qui ont déjà été réalisés en termes de stabilité financière, tout en assurant que l’épargne soit intermédiée de façon efficace alors même que les banques et les assurances s’adaptent aux nouvelles normes prudentielles”.

Il estime que “la refonte de la fiscalité de l’épargne envisagée par le gouvernement devrait constituer un instrument important pour faire face à ce défi en créant plus d’égalité de traitement entre instruments financiers, tout en accroissant les incitations à l’épargne de long terme”.