Audit des banques publiques : La souveraineté financière de la Tunisie est menacée, estime l’OECT

oect-171012.jpgDevant le silence inquiétant des autorités face aux contestations de l’Ordre des experts-comptables de Tunisie (OECT) relatives aux infractions constatées dans le cahier des charges de l’appel d’offres international, lancé fin août dernier par l’Etat, pour l’audit complet des trois banques publiques et leurs huit filiales, Nabil Abdellatif, président du Conseil national de l’OECT, a annoncé samedi 13 octobre 2012, lors d’une conférence de presse, que l’Ordre va porter plainte contre le ministère des Finances pour infraction à la loi régissant la profession comptable en Tunisie.

«A l’issue de longues négociations avec les responsables du ministère des Finances, nous n’avons pas pu trouver un terrain d’entente pour modifier les critères de choix prévus initialement par le cahier de charges», a précisé M. Abdellatif qui tient à affirmer que ces critères excluent complètement les cabinets tunisiens étant donné que l’appel d’offres pose comme condition principale la réalisation par le candidat d’au moins trois missions d’audit complet d’une banque.

D’ailleurs, l’opération d’audit complet d’une banque, qui comporte, selon le cahier des charges, 8 volets d’audit (entre autres l’audit fiscal, l’audit du système d’informations, l’audit des garanties…), n’a jamais été réalisée en Tunisie, ajoute Walid Ben Salah, secrétaire général de l’Ordre. Par conséquent, les cabinets tunisiens se trouvent exclus voire non concernés par cette opération. Cette opération, dit-il, ouvre les portes bien évidemment aux cabinets étrangers et menace en effet la souveraineté financière de l’Etat tunisien.

Autre critère qui a attisé la colère des experts-comptables et révélée par le président du Conseil national de l’Ordre, c’est celle relative au pourcentage de contribution que le soumissionnaire étranger devrait octroyer à un cabinet tunisien s’il remporte l’appel d’offres. D’une part, explique-t-il, ce pourcentage place les cabinets d’expertise tunisiens dans une position de sous-traitants, et, d’autre part, on demande pourquoi le cahier des charges a limité ce pourcentage à 50% au maximum et 30% au minimum.

Pourquoi donc le ministère des Finances insiste-t-il sur la contribution majeure des cabinets étrangers? Cela ne laisse pas prétendre qu’il existe des instructions étrangères émanant de la partie qui va financer cette mission et qui ne pourra être qu’étrangère? Ce sont des questions posées par des membres de l’OECT présents à la conférence et pour lesquelles le président de l’Ordre affirme ne pas avoir de réponses.

Pour finir, M. Abdellatif n’a pas manqué de rappeler que cette mission d’audit complet, que l’Etat voudrait effectuer dans un délai de 6 mois, va nous coûter des dizaines de millions de dinars payés en devises de plus en cas où le soumissionnaire désigné serait un cabinet étranger.