Incidents de l’ambassade américaine à Tunis : Quelles conséquences ?

 

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Au moins deux conséquences possibles aux deux décisions des Etats-Unis d’Amérique d’évacuer une partie du personnel de son ambassade à Tunis et de déconseiller aux ressortissants américains de ne pas se rendre en Tunisie : altérer l’image de la Tunisie et ralentir la coopération tuniso-américaine. Analyse.

Si l’on croit des informations dignes de foi, pas moins de quelque 120 employés de l’ambassade américaine à Tunis ont quitté, dimanche 16 septembre 2012, la Tunisie en direction des Etats-Unis d’Amérique. Des départs qui font évidement suite à la décision prise par les autorités américaines d’évacuer le personnel dit non essentiel de son ambassade à Tunis. Parallèlement à cela, le département d’Etat américain a déconseillé, le même jour, aux Américains de se rendre en Tunisie et au Soudan. Deux décisions qui pourraient avoir des conséquences sur les relations tuniso-américaines.

Du moins dans les tous prochains jours. Les incidents se déroulant à l’heure où la campagne pour l’élection présidentielle américaine de novembre 2012 semble avoir déjà commencé. Le candidat républicain, Mitt Romney, a commencé à donner de la voix en mettant en exergue un manque de fermeté du président (démocrate) Barak Obama concernant tous les débordements qui ont suivi l’introduction sur la toile d’extraits du film anti-islam de l’Israélo-américain Sam Bacile.

Vu l’évolution des événements, nous pouvons, sans doute, affirmer que ces deux décisions, et sans jouer aux Cassandre, comporteraient, en cette période de crise, deux risques.

Première conséquence évidente : ces décisions ne peuvent qu’altérer l’image de la Tunisie. Sans doute pas beaucoup aux USA où l’actualité tunisienne, hormis l’épisode des incidents survenus le vendredi 14 septembre à l’ambassade américaine à Tunis, ne feront pas longtemps la Une des médias américains. Mais surtout en Europe occidentale : le monde est un village. Il fallait suivre les journaux télévisés du week-end du 15 et 16 septembre en France, en Italie, en Allemagne, en Belgique, en Espagne, etc. pour se rendre compte que les incidents de l’ambassade américaine ont été largement relayés. Quelquefois à force de reportage mettant en exergue le rôle d’une frange de la population (les salafistes) dans les actes de violence.

« Un peu exagéré »

Inutile de préciser que cet intérêt des médias n’est pas là pour encourager l’activité touristique et les investissements étrangers. L’insécurité est ce qui rebute le plus le touriste et l’investisseur. Et ce n’est pas un hasard si le ministre du tourisme, Elyès Fakhkaf, ait été le responsable à avoir réagi très rapidement. Il a estimé, lundi 17 septembre, sur les ondes de Radio France Internationale, “un peu exagérée” la décision de Washington d’évacuer son personnels non essentiel.

Deuxième conséquence tout aussi évidente : un ralentissement de la coopération avec les Etats-Unis d’Amérique. Le « rétrécissement » du personnel de l’ambassade américaine ne pourrait que ralentir l’exécution de certains dossiers : opportunités d’affaires, programmes de coopération,.. Il est à craindre que ce seront les programmes en cours d’exécution qui souffriront le plus même si l’on comprend bien que l’administration centrale à Washington prendra les relais en la matière. Mais que d’occasion manquées pour tâter le terrain pour les nombreux opérateurs souhaitant faire avancer des dossiers : rien ne vaut le contact direct.

Et que dire de ces opérateurs économiques et autres experts à qui l’on a conseillé de ne pas mettre le pied à Tunis. Devinez ces programmes déjà engagés et qui exigent des déplacements à Tunis qui pour juger du degré d’avancement d’un projet, qui pour établir une évaluation des besoins en matière de formation, qui pour la mise en marche de matériel, … et qui nécessitent l’intervention de citoyens américains.

Et une question importante qui travaille nombre d’étudiants, chercheurs et évidement opérateurs économiques ou encore citoyens tunisiens qui souhaitent, pour une raison ou pour une autre, se rendre aux USA : va-t-on donner un tour de vis aux visas pour l’Amérique ?

Le hasard a voulu –il faut insister sur ce point- que les événements qui ont suivi la diffusion d’extraits du film anti-islam aient eu lieu alors que les candidats démocrate et républicain pour l’élection présidentielle américaine qui aura lieu dans moins de deux moins (6 novembre 2012) ont commencé à fourbir leurs armes !