Rapport de la BAD sur l’intégration en Afrique du Nord : Des systèmes financiers encore inefficaces (2/2)

bad-22082012.jpgAu-delà
de leurs spécificités, les systèmes financiers de l’Afrique du Nord ont un point
commun: ils sont, comme le constate le rapport –“Libérer le potentiel de
l’Afrique du nord grâce à l’intégration régionale: défis et opportunités“- que
la Banque africaine de développement (BAD vient de rendre public, «dominés par
les banques». Le poids de ces dernières dans les actifs financiers totaux
oscille dans la région entre 60% au Maroc et environ 95% en Égypte.

En outre, cette domination bancaire est doublée de celle des banques étatiques
qui contrôlent plus de 90% des actifs financiers en Algérie et en Libye, et, de
ce fait, «représentent les risques financiers potentiels les plus élevés dans
les pays d’Afrique du Nord».

En conséquence, les autres composantes du système financier –microfinance,
Bourse, assurance et fonds de pension, etc.- sont peu développés en Afrique du
Nord. La microfinance est la plus développée au Maroc où les actifs des
institutions du secteur s’élèvent à près de 500 millions d’euros répartis entre
environ 1,5 million de personnes. En Tunisie, cette activité est en train de se
développer rapidement. Les autres pays de la région sont à la traîne.

Idem pour le marché financier qui connaît un développement inégal dans cette
partie du continent. Il est le plus développé en Égypte, au Maroc et en Tunisie
(Onour, 2009). Avec une capitalisation représentant environ 90% du PIB et des
fonds propres des investisseurs étrangers s’élevant à près de 49% du PIB», les
Bourses du Caire et d’Alexandrie sont les plus importantes de la région.

Avec environ 16% des actifs financiers totaux détenus par les sociétés
d’assurance et de réassurance, c’est encore une fois au Maroc que le secteur des
assurances est le plus développé. En Egypte, il ne représente qu’environ 0,8% du
PIB, tandis que les actifs totaux représentent moins de 3% du PIB, très en deçà
du niveau de la plupart des pays à revenu intermédiaire. Le Maroc est également
à la pointe en matière de fonds de pension, qui sont encore embryonnaires dans
les autres pays de la région.

Au total, «les progrès réalisés par les six pays d’Afrique du Nord en matière de
réforme du secteur financier ont été inégaux», confirme le rapport de la
BAD.
Ainsi, si «les politiques financières en Égypte, au Maroc et en Tunisie
convergent vers les pratiques optimales internationales» où l’on perçoit «des
signes d’une intégration plus poussée dans les marchés financiers mondiaux», les
autres pays, à savoir l’Algérie, la Libye et la Mauritanie, «sont à la traîne».

De «taille modeste, fragiles et à haut risque», les systèmes financiers
constituent l’un des principaux freins à la croissance du PIB par habitant, à la
croissance économique et à la réduction de la pauvreté au Maghreb, en
particulier, et en Afrique du Nord, d’une façon générale, notamment parce qu’ils
n’assurent pas le financement à long terme de l’économie.

(Source : BAD)