Doux frais : cinq offres de reprise partielle, un millier d’emplois menacés

photo_1344662739707-1-1.jpg
ouest (Photo : Frank Perry)

[11/08/2012 05:29:24] QUIMPER (AFP) Cinq offres sérieuses de reprise partielle de plusieurs sites du pôle frais du groupe volailler Doux (1700 salariés), ainsi qu’une sixième offre irrecevable en l’état, ont été déposées vendredi à la date-limite fixée par la justice, menaçant plus d’un millier d’emplois.

Les groupes Duc, Glon Sanders (filiale de Sofiproteol) associé à Duc, Axereal, LDC et Tallec ont déposé des offres séparées de reprise partielle portant sur les sites de Clémont (Cher), Sérent (Morbihan), Laval (Mayenne), Boynes (Loiret) et Amilly (Loiret).

L’abattoir de Blancafort dans le Cher (244 emplois), l’un des grands sites du pôle frais de Doux, déficitaire, n’a en revanche fait l’objet d’aucune proposition.

En l’état, ces offres préserveraient entre 450 et 500 emplois, sans compter les 134 personnes reprises à l’abattoir de Pleucadeuc (Morbihan) dans le plan de continuation du groupe Doux, sur un total de 1.704 pour le pôle frais, selon Sophie Gautier, l’un des administrateurs judiciaires chargés du dossier Doux.

Une sixième offre sur le site de Graincourt (Pas-de-Calais, 253 emplois), “pas recevable au sens juridique du terme en l’état” mais pouvant être améliorée, a été déposée pour le compte d’une société iranienne dont le nom n’a pas été précisé. “C’est une offre en germe qu’il faut creuser”, a expliqué à l’AFP Mme Gautier.

La coopérative Axereal a fait une offre sur le site de Clémont dans le Cher (aliments pour volailles).

Glon Sanders, filiale de Sofiproteol, le conglomérat présidé par le patron de la FNSEA, Xavier Beulin, a pour sa part déposé conjointement avec Duc une offre sur trois sites situés en région Centre: Clémont, Amilly (couvoir) et Boynes (abattoir de poulets).

photo_1344662787976-1-1.jpg
ouest (Photo : Frank Perry)

Duc a par ailleurs fait une offre sur Sérent (Morbihan).

Le groupe LDC a précisé avoir déposé une offre de reprise totale de l’abattoir de Laval (Mayenne, 303 emplois). LDC propose par ailleurs la reprise partielle du site de Sérent, portant sur 55 des 175 salariés.

Enfin, le groupe finistérien Tallec a fait une offre sur l’abattoir de Sérent.

Les syndicats ont immédiatement crié au “massacre” pour FO, et, pour la CGT, au grand “dépeçage” d’un groupe volailler qui compte au total plus de 4.000 salariés.

“Les LDC, Duc et autres font (…) leur marché pour s’accaparer ce qui les intéresse dans leur recherche de profits immédiats”, a estimé la CGT.

photo_1344662852083-1-1.jpg
ouest, le 5 mars 2012 (Photo : Jean-Francois Monier)

Pour la déléguée centrale FO de Doux, Nadine Hourmant, “on ne prend pas en considération le volet social, tout ce qui intéresse les repreneurs, c’est les sites, même parmi ceux qui sont repris il y aura des licenciements, des plans de sauvegarde de l’emploi”, a-t-elle regretté.

Le groupe Doux a pour sa part salué les “fortes marques d’intérêt” pour les sites concernés, tout en espérant que “les offres pourront être améliorées dans les prochains jours, notamment sur le volet social”, a commenté un porte-parole.

A Blancafort (Cher), l’absence d’offre a fait l’effet d’une douche froide.

“Nous sommes les grands délaissés de la filière”, a déploré Françoise Lavisse, déléguée syndicale CFTC. “Aujourd’hui, j’ai beaucoup de mépris pour Charles Doux, qui a toujours privilégié l’export et le surgelé en raison de l’argent que lui donnait Bruxelles”.

Le gouvernement a pour sa part pris “acte des offres déposées ce matin” et souligné que “la mobilisation des acteurs du secteur, des collectivités et du gouvernement a permis d’éviter le pire puisqu’il n’était pas sûr que des offres de reprise soient déposées”, dans un communiqué commun du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll et du ministre délégué à l’Agroalimentaire, Guillaume Garot.

“D’ici à l’audience qui déterminera l’avenir du pôle frais, Stéphane Le Foll et Guillaume Garot continueront à tout mettre en oeuvre pour améliorer les offres sur les sites repris et pour trouver une solution pour les sites menacés de fermeture”, poursuit le communiqué.

Ces offres “préservent l’avenir”, a déclaré à l’AFP Guillaume Garot. “Le combat que nous avons mené depuis des semaines a permis de sauver 683 emplois, à la fois des emplois repris et des emplois reclassés”.

Le président du Conseil régional de Bretagne, Pierrick Massiot (PS), a lui aussi assuré que cette collectivité et ses partenaires feraient “tous leurs efforts pour que les offres présentées soient améliorées et permettent de sauver le maximum d’emploi”.

Le tribunal de commerce de Quimper, qui avait placé Doux frais en liquidation judiciaire le 1er août, devrait se prononcer sur les offres au cours de la première semaine de septembre.

Pour les autres activités de Doux (export et produits élaborés), le tribunal a prolongé la période d’observation jusqu’au 30 novembre.