2.600 entreprises tunisiennes sur le Registre du commerce d’Algérie

cnrc-130612-220.jpgLe gouvernement de la Troïka se sent pousser des ailes avec la relative reprise de la croissance enregistrée et annoncée par l’INS pour les 4 premiers mois de l’année, bien que nous revenions de loin (croissance négative au premier trimestre 2011)… Pourtant, la morosité de l’atmosphère des affaires dans le pays n’est pas encore dissipée et les dossiers les plus «brûlants» s’accumulent sans qu’on voie encore le début d’une solution…

Il y a des chiffres qui marquent les esprits tout de suite. Le fait que, selon le Registre de Commerce de l’Algérie, on dénombre 2.600 entreprises tunisiennes sur le Registre du commerce d’Algérie; et ils seraient près 600 au Maroc sur la même période ne peut être expliqué que par le manque de confiance des hommes d’affaires qui vont investir ailleurs tandis que le pays souffre du chômage en croissance…

On a souvent dit que le capital n’a pas de cœur et que l’intérêt est le seul guide de l’investisseur, et ceci n’est pas une hérésie en soit, mais le fait est que les hommes d’affaires de ce pays ne sont pas tous de «compradors», comme on disait dans les universités dans les années 70 du siècle dernier! Si certains se terrent aujourd’hui ou refusent d’investir, si certains autres vont investir ailleurs au Maroc, en Algérie ou même pour certains en Amérique et en Europe, et nous avons des gens qui peuvent le faire, c’est d’abord parce que la transition que nous vivons ne leur transmet pas une image rassurante, comme nous tous d’ailleurs!

Passons sur les aspects politiques et sociaux que nous vivons tous à la même enseigne, entre sit-in qui ne finissent pas et grèves en série, entre des salafistes qui, chaque jour, avancent un pas vers l’embrigadement de la société au profit du parti au pouvoir, qui ainsi se fait le moins radical des religieux tout en gagnant les fruits de l’islamisation (wahabite) rampante de la société qui sera pour lui «tout bénéfice», comme on dit!

Mais allons voir du côté de l’économie qui commence à «frémir». D’après les dires du gouvernement de la Troïka… la capacité de remboursement de la dette du pays a baissé de 40% depuis la Révolution. La dette de notre pays est passée de 23,6 milliards DT à fin 2010 à 25,4 milliards DT à fin 2011, enregistrant en une année une augmentation de 1,8 milliard DT. Les réserves en devises sont passées de 13 milliards début 2011 à 10 milliards maintenant, c’est-à-dire l’équivalent de seulement 100 jours d’importation … Ne parlons pas du reste où ça deviendra de l’acharnement!

Il faut aussi dire que le gouvernement actuel n’a fait qu’hériter la situation de celui de BCE, mais en l’aggravant par son atermoiement qui dure depuis le mois de janvier 2012… pourtant un des problèmes centraux du pays et une des priorités de la révolution c’est celui de la situation économique et sociale, du chômage et particulièrement celui de jeunes… Cette équation ne peut être résolue en dehors d’une amélioration de la situation économique qui, elle-même, est tributaire de l’ouverture du grand dossier de la corruption dans les milieux économiques dont une partie a bénéficié des largesses de Ben Ali et sa famille contre des avantages de toute nature.

Le problème c’est que ce système de corruption qui, par ailleurs, n’a épargné aucun pan de la société, ne peut être résolu au cas par cas ni selon la tête du client. Mme Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, a récemment déclaré sur les ondes d’une radio de la capitale concernant les poursuites contres des hommes d’affaires et les interdictions de voyager contre d’autres que ces poursuites n’ont donné jusqu’ici aucune justification ni preuve de culpabilité. Elle a ajouté que l’UTICA appelle la justice à faire son travail et à appliquer la loi, et ce dans les plus brefs délais.

Cependant, ce genre de problème, qui doit être ouvert au débat public et citoyen le plutôt possible par le gouvernement, et ce dans le cadre de la justice transitionnelle à mettre en place le plutôt possible, nous permettra d’abord de dépassionner le dossier des hommes d’affaires qui ne sont pas tous des corrompus avec le système Ben Ali et nous permettra de lever l’interdiction de voyager à ceux dont les dossiers sont vides afin qu’ils puissent retravailler, investir et/ou réinvestir, créer des emplois et faire venir d’autres investisseurs et partenaires étrangers. Toutefois, ces derniers ne viendront pas facilement investir dans un pays qui interdit à ses investisseurs nationaux de voyager pour un oui ou pour un non!