Compagnies aériennes : l’Europe fait chuter les bénéfices 2012

photo_1339394730133-1-1.jpg
éroport international de Pékin le 7 juin 2012. (Photo : Goh Chai Hin)

[11/06/2012 06:06:11] PEKIN (AFP) Les bénéfices des compagnies aériennes vont lourdement chuter cette année, à 3 milliards de dollars (2,4 milliards d’euros), a annoncé lundi l’Association internationale des transports aériens (Iata), un résultat en baisse de 62%, plombé par les pertes des compagnies européennes.

Si elle a ainsi confirmé son estimation annoncée en mars pour le secteur mondial, l’Iata, qui regroupe toutes les compagnies aériennes, a en revanche presque doublé son estimation des pertes attendues pour les compagnies européennes, à 1,1 milliard de dollars (880 millions d’euros) contre 600 millions de dollars initialement.

Cette deuxième année de déclin, après des bénéfices de 7,9 milliards l’an dernier et de 15,8 milliards de dollars en 2010, est largement imputable à la crise des dettes souveraines en Europe et aux prix élevés du pétrole, a expliqué le patron de l’Iata, Tony Tyler, à l’ouverture de l’assemblée générale annuelle de deux jours à Pékin de l’association.

“La profitabilité mondiale est anémique”, a dit M. Tyler, évoquant “une nouvelle année difficile” devant quelque 650 délégués des 242 compagnies membres de l’IATA, des représentants des constructeurs d’avions, des motoristes, ainsi que des sociétés de service du secteur.

Ces bénéfices, sur un chiffre d’affaires total estimé à 631 milliards de dollars, “correspondent à une marge de seulement 0,5%”, a dit M. Tyler, après 1,3% l’an dernier et 2,9% en 2010.

“Bien que les transporteurs soient tous confrontés aux prix élevés du carburant et aux incertitudes économiques, la photo région par région est contrastée”, a expliqué M. Tyler.

“Les compagnies en Amérique (du Nord et latine, ndlr) voient leurs perspectives s’améliorer en 2012. Le reste du monde voit une profitablité réduite. Quant aux compagnies européennes, l’environnement d’affaire se dégrade rapidement, ce qui entraîne des pertes importantes”, a-t-il dit, après avoir évoqué “une crise des dettes souveraines qui se poursuit et s’amplifie”.

La situation en Europe représente “le risque le plus grand” pesant sur l’ensemble du secteur, a-t-il ajouté.

“Si (la crise) devient une crise bancaire, nous pourrions voir la récession toucher un continent entier et tirer le reste du monde et nos bénéfices vers le bas”, a-t-il averti.

Toutefois, “une baisse des prix du pétrole, une hausse plus forte que prévue du trafic passager et une reprise du fret apportent de meilleures perspectives de profitabilité”, a dit M. Tyler.

L’Iata a fondé sa prévision sur un prix du baril de brut à 110 dollars, contre 115 lors de son estimation en mars. Mais, “même avec une baisse des prix, le carburant devrait continuer de représenter 33% des coûts d’opération des compagnies”, a dit M. Tyler.

Le trafic passagers devrait progresser cette année à 2,966 milliards contre 2,835 grâce à la bonne tenue du secteur en Asie et Amérique latine “où les économies ont été les plus robustes”, a dit le PDG de l’Iata.

L’Asie-Pacifique va apporter la plus grande contribution aux bénéfices cette année, avec 2 milliards de dollars, et l’Amérique du Nord résiste, avec des bénéfices de 1,4 milliard contre 1,3 milliard l’an dernier.

Le Moyen-Orient avec seulement 0,4 milliard de bénéfices attendus contre 1 milliard en 2011, souffre de la crise européenne, et l’Amérique latine marquera une légère amélioration, de 0,3 à 0,4 milliard.

M. Tyler a aussi critiqué la très controversée taxe carbone européenne sur les émissions des compagnies aériennes, “un obstacle qui crée la division et empêche tout progrès réel”.

“Notre pays hôte, la Chine à pris la tête de l’opposition” à cette taxe, “elle a interdit à ses transporteurs d’y participer”, a-t-il rappelé.

Cette législation entrée en vigueur le 1er janvier, oblige les compagnies opérant dans l’Union européenne, quelle que soit leur nationalité, à acheter l’équivalent de 15% de leurs émissions de CO2, soit 32 millions de tonnes, pour lutter contre le réchauffement climatique.