En France, la mort ne fait pas encore recette sur internet

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ère (Photo : Boris Horvat)

[20/05/2012 10:25:09] LILLE (AFP) Que reste-t-il de vous après votre mort ? Depuis quelques années, des sites internet commerciaux ont parié que les Français aimeraient préparer leur mort sur internet en y laissant souvenirs et dernières volontés, mais le succès n’est pas encore au rendez-vous.

A Tourcoing (Nord), Fanny Noyelle, 28 ans, a lancé e-mylife.fr depuis le 1er mars 2011. Le principe : “Je mets à disposition des gens un espace de stockage sur lequel ils peuvent déposer messages, photos, vidéos, pour 28 euros par an ou 229 euros à vie”, explique-t-elle.

La personne inscrite doit nommer un “ange-gardien” qui devra apporter l’acte de décès pour que les souvenirs puissent être redistribués aux proches que la personne a désignés de son vivant.

Lancé en janvier 2010, edeneo.fr est de son côté davantage orienté sur l’aspect administratif. “J’ai eu l’idée de ce site suite à un problème personnel”, explique Gaël Perdriau, cofondateur du site.

“Quand une personne décède, on se retrouve devant plein de questions, c’est pourquoi notre site s’agence en plusieurs onglets : dernières volontés, messages et informations, état du patrimoine, vie numérique (avec les codes qui permettront de clôturer tous les comptes du genre Facebook).

Même principe que pour e-mylife.fr, deux personnes doivent confirmer la mort de l’inscrit et les informations sont transmises aux personnes désignées.

Edeneo.fr compte 2.000 inscrits tandis que e-mylife.fr n’a pas souhaité communiquer ses chiffres : pour Gaël Perdriau comme pour Fanny Noyelle, “pour le moment, on est loin de pouvoir en vivre”.

Des difficultés à décoller qui n’étonnent pas Jessie Westenholz, initiatrice du Salon de la mort l’année dernière à Paris : “Pour les Français, il y a deux tabous : la mort et l’argent, alors quand il s’agit d’un mélange entre les deux, ils ne sont pas prêts du tout”.

L’an passé, le Salon de la mort avait attiré 14.000 visiteurs pour 112 exposants et de nombreuses conférences.

Ce résultat paraissait honorable, mais le salon a été annulé en 2012. “Tout ce qui concernait les conférences a bien marché mais pas les exposants. En février 2012, nous avions moitié moins de stands réservés, c’est pourquoi nous avons annulé”, explique Jessie Westenholz.

Pas question cependant de s’arrêter là : en octobre, le salon devrait revenir sous la forme d’un “festival de la mort” avec conférences, films et un coin librairie-disquaire.

“La mort est une étape de la vie et c’est important d’en parler et de la préparer”, insiste Jessie Westenholz.

C’est pourquoi Gaël Perdriau et Fanny Noyelle ne perdent pas espoir : “Les gens qui se servent du site se sont rendus compte que ça rendait service”, déclare Gaël Perdriau. “Je crois vraiment en ce projet et j’espère pouvoir en vivre un jour”, confirme Fanny Noyelle.

“Aux Etats-Unis, la mort est un business comme un autre, personne ne trouve ça anormal que l’on fasse de l’argent sur ce sujet”, explique Jessie Westenholz.

En attendant, edeneo.fr va poursuivre son développement vers des pays comme Canada et Belgique, où on organise des “cafés de la mort” pour témoigner des morts vécues ou des appréhensions.

Au quotidien régional La Voix du Nord, dont le site nécrologique memoire.lavoixdunord.fr fonctionne depuis plus de deux ans, on relève selon son responsable Sébastien Leroy “une très bonne audience” pour la consultation des annonces nécrologiques.

Mais l’espace payant destiné à perpétuer la mémoire des défunts n’est “pas encore entré dans les moeurs. Ca finira par fonctionner en trouvant le bon modèle économique”, parie-t-il.