Tunisie : Comete Engineering à l’assaut de l’Afrique anglophone

radhi-meddeb-facebook.jpgRéalisant, à l’instar de ses concurrents tunisiens les plus importants –STUDI et SCET Tunisie-, plus de 70% de son chiffre d’affaires à l’export, notamment au Maghreb et en Afrique francophone, Comete Engineering se prépare à cibler la partie anglophone du continent noir. Explications de son p-dg, Radhi Meddeb.

WMC: Comete Engineering s’apprête-t-il à élargir sa zone d’intervention à l’Afrique francophone, alors que ses principaux concurrents tunisiens ne le font pas ou si peu?

Radhi Meddeb: Globalement, le continent africain connaît aujourd’hui une croissance forte. Jusque-là, l’essentiel des projets, financés par les grands bailleurs de fonds multilatéraux, dans les infrastructures ou dans les services de lutte contre la pauvreté, était public. Mais malgré ses performances, l’Afrique n’est pas homogène; elle est constituée de plusieurs blocs de pays. Et ceux qui émergent le plus, ce sont les pays anglophones. Dans ces pays, apparaît une demande au-delà des infrastructures, et des services de lutte contre la pauvreté; une demande solvable du secteur privé, dans l’industrie, les services, la logistique. Et c’est vers ces pays-là et cette demande-là que nous voulons nous orienter.

Quels sont les pays et les secteurs que vous allez cibler?

Ce sont les pays qui gagnent, performent, aujourd’hui en Afrique, comme le Ghana, le Nigeria, le Kenya, l’Ouganda et, bien sûr, l’Afrique du Sud –mais celle-ci ne fait pas partie de nos premières priorités. Les secteurs sont ceux où nous intervenons traditionnellement mais également ceux de l’énergie, des services et du commerce.

Par rapport à l’Afrique francophone que vous connaissez bien, les problèmes rencontrés et l’approche nécessaire sont-ils les mêmes?

Il y a nécessairement des spécificités, qui ne sont pas seulement linguistiques. A titre d’exemple, la concurrence dans les pays anglophones n’est pas la même que celle que nous rencontrons en Afrique francophone subsaharienne: elle est, dans plusieurs métiers, essentiellement anglo-saxons. Nous retrouvons nécessairement les géants mondiaux du secteur. Il va nous falloir apprendre à affronter ces gens-là qui sont puissants, ont de multiples références. C’est là la principale différence avec l’Afrique francophone.

Justement, comment allez-vous vous préparer à affronter ces mastodontes?

Small is beautiful, a-t-on l’habitude dire; mais cela ne suffit pas. Nous allons donc valoriser nos facteurs de compétitivité. Il nous faudra apprendre à travailler dans la proximité, développer une offre de services, jamais seuls mais en partenariat avec des partenaires locaux, qui soit plus à l’écoute des demandes des clients et plus adaptée à leurs besoins.

En cinquante ans d’indépendance, nous avons développé en Tunisie une certaine maîtrise dans quelques secteurs qui nous permet d’offrir des réponses aux exigences de développement plus adaptées et technologiquement moins complexes que les réponses américaines ou anglaises.

Par exemple?

Par exemple, dans la gestion hospitalière les cliniques qui sont en train d’être développées dans les pays ciblés vont être plus proches de ce que nous savons faire et maîtrisons en Tunisie. Elles seront de taille humaine, donc beaucoup trop petites pour les géants anglo-saxons. Dont les offres de services seront beaucoup trop complexes par rapport à la demande et à la compétitivité des offres.

Comete Engineering va-t-il aborder cette nouvelle aventure seul ou avec des partenaires?

Nous avons l’habitude de nouer des partenariats. Nous allons rarement dans un pays seuls. Nous avons beaucoup trop reproché par le passé aux expertises internationales de venir en Tunisie seules comme si elles étaient dans des espaces qui leur étaient réservés, quand bien même elles intervenaient sur des financements liés, pour que nous fassions les mêmes erreurs sur les marchés où nous allons. Systématiquement, nous y développerons une offre en partenariat avec des ingénieries locales.

Comete Engineering a-t-il les moyens requis, notamment humains, pour aborder cette nouvelle aventure?

Nous avons inscrit l’ouverture sur l’Afrique anglophone dans nos plans stratégiques depuis longtemps. De ce fait, nous avons commencé à nous y préparer, sur un double plan. D’abord en multipliant les recrutements d’ingénieurs et d’économistes diplômés de grandes universités anglo-saxonnes. Ensuite, en développant les partenariats avec de grands groupes d’ingénierie internationaux, donc nécessairement anglo-saxons.

Nous l’avons fait à l’occasion des projets des pays du Golfe en Tunisie et dans le reste de la région en tissant des relations avec de grands groupes internationaux. Mais nous le faisons également de plus en plus sur l’Afrique anglophone.

Comme vous le dites, l’élément humain est fondamental et nous nous sommes préparés essentiellement sur ce plan, mais également sur le plan logistique en élaborant toute notre documentation en anglais et en l’adaptant aux besoins de ces pays.

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