Tunisie : Quelques explications des sources des limites de l’ancien schéma de croissance

Par : Autres

La recherche des véritables entraves à l’ancien schéma de croissance qui n’ont pas permis une inclusion sociale satisfaisante est importante pour l’avenir. C’est la correction de ces insuffisances qui permet d’améliorer le schéma de croissance, dont les résultats ne sont pas tous mauvais.

Les entrepreneurs interrogés ont fourni des réponses concordantes avec ce que l’on sait par ailleurs au niveau des données internationales ou des révélations plus récentes. Le graphique 7 fournit l’appréciation des chefs d’entreprise des insuffisances de l’ancien modèle de croissance. Ces appréciations insistent sur les défaillances au niveau institutionnel, en particulier le climat des affaires, la politique de l’éducation et la politique fiscale.

Dans les réponses spontanées des entrepreneurs, en plus du classement des propositions de l’enquête, il est fait mention aussi de deux autres éléments: la corruption et l’administration et ses relations avec l’entreprise. Il y a lieu de remarquer que les entrepreneurs sont plus soucieux dans leur évaluation de la situation passée de la qualité des institutions et de leur fonctionnement que de l’état de l’infrastructure.

Graphique 7 : L’ancien modèle de développement : les insuffisances

graph-7-100112.jpgg

En ce qui concerne la corruption, les dernières révélations de la Commission d’Investigation sur la Corruption et les Malversations (CICM) confirment l’opinion des entrepreneurs interrogés sur l’ampleur du problème. Les affaires recensées par le rapport de la CICM pour la dernière décennie indiquent que pas moins de 1,7 milliard de dinars (soit près de 4% du PIB) auraient été accaparés par voie de corruption et par des délits d’initiés.

Les statistiques internationales aussi indiquent que l’environnement des affaires en Tunisie soufre de lacunes incontestables, comparativement à des pays performants économiquement mais aussi à des pays encore en transition.

Les graphiques 8 à 11 font état de ces lacunes pour ce qui est des opérations des entreprises, de la logistique, de la liberté économique et de la gouvernance publique. Les données présentées dans les graphiques sont révélatrices de lieux de défaillances qui pourraient être rattrapées pour donner un nouvel élan à l’économie.

Graphique 8 : Environnement des affaires : Les insuffisances de la logistique et des libertés économiques

graph-8-100112.jpg

Graphique 9 : Environnement des affaires : Le système financier, les opérations de l’entreprise

graph-9-100112.jpg

Graphique 10 : Environnement des affaires : Indicateurs ciblés

graph-10-100112.jpg

Graphique 11 : Environnement des affaires : la gouvernance publique

graph-11-100112.jpg

En ce qui concerne le système fiscal, enjeu important pour la prochaine période, il est aussi remarquable qu’il fait l’objet de contestation de la part des entrepreneurs, chaque fois où ils sont interrogés sur les contraintes au développement de l’entreprise.

C’est aussi confirmé à l’occasion de la présente enquête. L’examen des données sur des pays comparables ou plus développés montre que le modèle fiscal en Tunisie, similaire à celui d’autres pays du Sud de l’Europe, a un défaut majeur. Il pénalise l’emploi, par le poids important des cotisations pour la couverture sociale.

Il y a également à signaler que le taux de la pression fiscale est relativement modéré, alors que le taux d’impôt (consolidé) sur les revenus des entreprises est élevé. Cela reflète probablement l’existence de nombreuses exonérations et régimes spéciaux.

Il faut aussi relever que le nombre de taxes en Tunisie est relativement élevé par rapport au modèle fiscal d’autres pays. Tout cela confirme que l’un des chantiers utiles à entamer est celui de la révision du modèle fiscal.

Le graphique 12 donne quelques indications sur le modèle fiscal en Tunisie par rapport à d’autres pays.

Graphique 12 : Le modèle fiscal tunisien et l’emploi

graph-12-100112.jpg

Et l’entreprise a-t-elle été défaillante dans l’ancien modèle de croissance? La réponse des entrepreneurs (graphique 13) est mitigée. Il y a cependant une reconnaissance d’une certaine responsabilité, puisque près de 80% des entrepreneurs ayant répondu à la question reconnaissent implicitement une certaine responsabilité, étant donné que seulement 16% d’entre eux nient toute responsabilité.

Les meilleurs indicateurs à ce sujet sont à rechercher du côté de la compétitivité de l’économie. Il est certain que la compétitivité dépend de facteurs institutionnels et publics. Mais certains éléments de la compétitivité sont relatifs au management de l’entreprise et de son comportement vis-à-vis de l’innovation. Les indicateurs du World Economic Forum (graphique 14) montrent que la Tunisie se classe dans la catégorie de pays dont la compétitivité est basée sur l’efficacité de l’utilisation des facteurs de production.

La Tunisie n’a pas encore franchi le pas pour accéder à la catégorie des pays dont la compétitivité est basée sur l’innovation. C’est à ce niveau que la responsabilité de l’entreprise peut être évoquée, même si le rôle de l’Etat est important sur cet aspect.

Graphique 13 : La responsabilité de l’entreprise

graph-13-100112.jpg

Graphique 14 : Le positionnement de la Tunisie au niveau de la compétitivité Internationale

graph-14-100112.jpg

Les défaillances de l’ancien schéma de croissance et leurs sources vont servir à élaborer un ensemble de propositions pour un schéma avec plus d’inclusion sociale.