Tunisie : Comment résoudre le paradoxe de la Bourse?

new-investment-15160911.jpgQuarante-deux ans après sa création, la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunisie (BVMT) reste d’une petitesse désolante. Le constat en a été de nouveau fait lors de la «New Tunisia’s Investment Conference» (la Conférence sur l’investissement de la Tunisie Nouvelle), organisée par Tunisie Valeurs et MAC SA (Gammarth, 15-16 septembre 2011). Avec une cinquantaine d’entreprises cotées, le marché financier tunisien présente, en effet, un contraste frappant, constate Fadhel Abdelkefi. Avec, souligne le directeur général de Tunisie Valeurs et nouveau président du conseil d’administration de la BVMT, d’un côté ce nombre très faible d’entreprises «listées» et, de l’autre, «un marché au point sur le plan organisation et réglementation».

Dans ce domaine, la BVMT a plus d’un succès à son actif, selon M. Abdelkéfi: mise en place et stabilisation du système électronique de cotation utilisé dans plusieurs grandes Bourses, un système de garantie «qui n’a pas connu de défaillances», etc. De surcroît, la Bourse s’est modernisée en introduisant aussi l’analyse financière fondamentale.

En plus de son exiguïté, le marché financier tunisien souffre d’un «manque de diversification» puisque «les institutions financières représentent 70% de la capitalisation», complète Elyès Ben Rayana, responsable de la stratégie à la Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT).

Cette situation est imputable principalement à la réticence des entreprises et groupes tunisiens à s’introduire en Bourse. Des entreprises qui se financent essentiellement auprès des banques et dont l’endettement représente «70% du Produit Intérieur Brut», parce qu’elles ne veulent pas «diluer» leurs positions dominantes», indique Elyès Jouni, vice-président de Paris-Dauphine.

Mais celle-ci souffre également, estime le directeur général de Tunisie Valeurs, des restrictions sur l’investissement étranger en portefeuille, plafonné à 51%, et dans certains secteurs –comme la distribution- qui lui sont encore fermés.

Le modèle actuel ayant montré ses limites, comment résoudre le paradoxe de la BVMT, se demande Elyès Jouni? Que faire pour que le rêve de Fadhel Abdelkéfi –un marché de 300 entreprises et une capitalisation égale au PIB de la Tunisie (près de 50 milliards de dinars)- devienne réalité?

D’après Elyès Ben Rayana, il faut «un changement de paradigme» pour passer d’une économie du «small is beautiful», à une approche où «la taille compte». Le directeur général de Tunisie Valeurs est convaincu que le saut quantitatif et qualitatif demandé –c’est-à-dire la réalisation de son rêve- est d’autant plus plausible et possible que «le marché tunisien est prêt, très profond et demandeur de bons papiers» comme l’ont démontré certaines introductions (Poulina Group Holding, Artes, etc.). Et une façon de satisfaire cette demande serait, selon lui, d’introduire en Bourse quelques unes des sociétés confisquées après le 14 janvier 2011.

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