Pour une nouvelle économie politique (NEP) régionale tunisienne : Repenser le système de financement du développement régional (1)

Par : Tallel

Les trois caractéristiques du système hérité du passé

Le profil du financement du développement régional, hérité par la Tunisie post-
14 Janvier 2011 est caractérisé comme suit: des ressources disponibles largement
en deçà des besoins; des sources de financement multiples (budgétaires, hors
budgétaires et bancaires), mal coordonnées et plus ou moins transparentes; une
centralisation quasi-absolue et des critères d’allocation.

Les ajustements apportés par le gouvernement de transition

Dès sa constitution, le gouvernement de transition n’avait pas tardé à réagir.
Il faut lui rendre cette justice. Il a immédiatement:

· procédé à une augmentation substantielle des fonds d’aide urgente aux régions
au titre de l’année 2011,

· mis fin, un plus tard, aux activités du cette institution sulfureuse, appelée
Fonds 26-26 -une structure perçue, à tort ou à raison, comme une espèce de
‘caisse noire’ présidentielle, richement dotée grâce à des contributions forcées
de citoyens privés et d’entreprises publiques et privées et servant plus à
rehausser l’image publique du chef de l’Etat qu’à lutter conte contre la
pauvreté et les inégalités régionales.

· mis en marche une réforme du crédit bancaire régional, dont le système de
microcrédit dispensé par la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS). A cet effet,
la BFPME ( Banque de Financement des Petites et Moyennes Entreprises) a été
chargée de mettre à l’étude le projet de création de pôles bancaires dans les
régions de Gafsa, de Sidi Bouzid et de Kasserine, en vue de consolider les liens
de coopération avec la BTS. Il est proposé également de renforcer la
contribution des Sociétés d’Investissement et de Crédit A Risque (SICAR) ainsi
que celle des Fonds dits de ‘Private Equity’ dans le financement des projets
régionaux.

· mis en place de nouvelles incitations au profit de l’investissement privé
national et étranger, dans les régions les plus démunies.

Le gouvernement de transition pouvait-il faire plus en un temps si court ? Nous
ne le croyons pas. Avec une marge de manœuvre budgétaire quasi nulle, un fonds
de tiroir laissé par le Fonds 2-26, avant de disparaître, quasiment vide, un
système de micro- crédit public essoufflé, et une culture bureaucratique
centralisatrice bien enracinée, le gouvernement de transition n’avait, en fait,
qu’une seule corde à son arc : faire de la discrimination positive à forte dose,
en décidant d’allouer l’essentiel des ressources disponibles (80%) à une
quinzaine de gouvernorats particulièrement défavorisés sur les vingt-quatre que
compte la République.

Mais une fois la transition achevée, Dieu seul sait quand, et la