Tunisie : Le grand souk constitutionnel!

Quoi qu’on en dise et malgré l’expression consacrée pour désigner une situation
chaotique, alors qu’un souk est une structure extrêmement organisée au sein de
nos villes ancestrales, mais que voulez-vous, les langues étrangères empruntent
des mots qu’ils transforment à leur guise: et actuellement, ce qui se passe en
Tunisie, dans la recherche d’un moyen de repartir d’un pied dans le domaine
constitutionnel afin d’éviter les erreurs de jeunesse, relève aussi bien du souk
que de la tragi-comédie, puisque tout un chacun est en train de préparer dans
son petit coin sa petite Constitution. Et quand on écoute ce qui se dit et ce
qui se raconte, on veut faire de ce noble document qui se doit de servir de base
à une politique saine tout et n’importe quoi et un fourre-tout.

Pour ce faire, je voudrais citer au moins deux exemples:

– voir des opposants d’un niveau intellectuel incontesté demander à ce que le
financement extérieur et ses règles figurent dans cette
Constitution, alors
pourquoi pas les règles prudentielles et les modalités d’octroi de crédits;

– j’ai même entendu d’éminents juristes et soi-disant spécialistes chercher à
démontrer et à convaincre que le droit a l’eau et l’assainissement doivent être
inscrits dans cette constitution, alors je me dis qu’avec un ton aigre doux
–puisqu’on y est- pourquoi ne pas y ajouter dans ce Destour l’électricité le
téléphone et compléter tout ça par une parabole, comme ça on peut aller y
habiter comme- semble-t-il- ça se passe un peu partout actuellement!

Mais grand seigneur, j’espère qu’on ne va chercher à réinventer le fil à couper
le beurre, des Constitutions il y en a dans le monde et se ressemblent toutes ou
presque, et même la nôtre n’était pas si mauvaise mais devenue méconnaissable
avec des amendements adaptés aux circonstances.

Revenons sur terre, ce qu’il faut considérer comme principe de base, c’est
qu’une Constitution est un document qui fixe les grandes lignes
civilisationnelles du fonctionnement d’un pays, une Constitution n’est ni un
Dalloz ni un Larousse et encore moins un guide touristique!

Que tous ces constitutionalistes en herbe finissent par le comprendre, car si on
va les écouter comme on semble le vouloir afin d’initier un débat démocratique,
mais ceci aura l’inconvénient de demander des années et des années, et on risque
de ne jamais y arriver. Entre-temps, le risque est grand de voir réapparaître un
autre ZABA comme une mauvaise herbe dans un champ mal cultivé!

Constitutionalisez-vous messieurs et mesdames vite et bien, sinon le danger
reste permanent!