Christian Lecourtier : «Je suis frappé par la rapidité avec laquelle les entreprises françaises renouent avec le marché tunisien»

christophe-lecourtier_ubifrance-1.jpgLe directeur général d’Ubifrance a effectué, vendredi 3 juin 2011, une visite à Tunis au cours de laquelle il a notamment fait le point, avec l’équipe d’Ubifrance Tunis et celle de l’ambassade de France, sur l’évolution de la situation en Tunisie depuis le 14 janvier 2011. Explications.

WMC: Vous effectuez une visite d’une journée –vendredi 3 juin 2011- en Tunisie. Quel en est l’objet?

Christian Lecourtier: Ubifrance, dont je suis le directeur général, a installé il y a dix mois, au sein de l’ambassade de France à Tunis, un bureau dirigé par Jacques Torregrossa. Donc, j’avais envie de venir ici à un double titre. D’abord, comment ce bureau –même si on a un état de suivi de son activité- continuait à monter en puissance. Ensuite, pour voir, dans le contexte de la Révolution tunisienne, quelle était l’état d’esprit, l’atmosphère, l’environnement des affaires, et comment Ubifrance pourrait inscrire son action dans le cadre des relations franco-tunisiennes et de leur développement.

Donc, je passe une journée ici avec notre équipe; je vois les gens de l’ambassade, de la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI), de Tunisia Export –le Cepex-, pour faire le point et voir comment on peut faire mieux.

Près de 1.200 entreprises françaises exportent sur la Tunisie. Ont-elles pâti de la situation régnant en Tunisie depuis la révolution et comment ont-elles réagi?

La relation entre la France et la Tunisie du point de vue du nombre d’entreprises, qui sont ou étaient actives sur ce marché, est absolument exemplaire. Partout où je vais, je cite, soit aux entreprises françaises, soit aux autorités locales, la magnifique réussite des dernières années, constituée par ce tissu d’entreprises françaises qui travaillent, investissent, créent de l’emploi, et transfèrent de la technologie sur votre marché. Nous étions lundi à Alger et je peux vous dire, même si nous faisons beaucoup d’efforts sur ce marché très important, qu’on est très loin des performances franco-tunisiennes.

Donc, au-delà de l’amitié et de toutes les espérances qu’a suscitées la révolution tunisienne, nous sommes attentifs aux conséquences sur la relation économique. Et ce que je constate aujourd’hui, y compris dans l’activité du bureau, c’est qu’après une période –forcément- d’attentisme, les choses sont en train de reprendre leur cours, et les entreprises françaises reprennent le chemin de la Tunisie. Et notre mission à nous c’est de faire en sorte qu’elles le retrouvent dans la dynamique antérieure et, peut-être, –c’est ce qui est un peu nouveau et ce à quoi nous travaillons avec Jacques Torregrossa- en meilleure correspondance avec les besoins qui sont aujourd’hui ceux de la démocratie et de la consolidation économique de la démocratie. Je veux parler du plan de relance économique et de tous les secteurs prioritaires pour assurer à votre pays un développement économique plus harmonieux, plus équilibré, plus en phase avec les attentes de la population.

Vous allez rencontrer le p-dg du Cepex qui a, depuis 2005, un partenariat avec Ubifrance dans le domaine de l’information aux entreprises. De nouvelles idées sont-elles dans l’air?

Je suis tout à fait prêt, si c’est la volonté des autorités en question, à avoir avec Cepex une coopération pour aussi faire un peu de transfert de technologie pour permettre à cette institution de développer les exportations tunisiennes. Nous sommes dans une logique partenariale; ce qui implique d’avoir –c’est ce que font Jacques Torregrossa et son équipe- une attention très précise sur les secteurs qui sont aujourd’hui nécessaires pour le développement économique de la Tunisie -et qui ne sont pas forcément ceux d’hier-, et essayer de mettre en relation l’offre française avec la demande tunisienne.

Par exemple, dans les secteurs de la formation professionnelle et du système éducatif, nous allons amener en Tunisie après l’été des entreprises françaises qui peuvent proposer des services très intéressants.

Le volume et la nature des demandes d’informations et de prestations des entreprises françaises sur la Tunisie ont-ils changé par rapport à l’avant 14 janvier 2011?

Après une période de silence radio de la part des entreprises françaises, dans les semaines qui ont suivi la révolution, on constate depuis un mois à un mois et demi beaucoup de sollicitations et en particulier une question qui revient souvent: comment cela se passe? Comment les choses évoluent sur les plans politique, social, économique, financier, etc. Et très vite –parce que notre analyse est optimiste, favorable- des marques d’intérêt et des rendez-vous qui se prennent et des missions qui vont se faire. Je suis frappé par la rapidité avec laquelle les entreprises françaises renouent avec le marché tunisien –au niveau de l’intérêt du moins. Cela est plutôt bien, parce que je ne suis pas sûr que cela serait de cette manière avec un autre pays après un tel changement comme celui que vous avez vécu.

Justement, comment cela se passe-t-il avec l’Egypte?

Nous n’arrivons pas à y renouer le moindre fil. Nous n’avons pas trouvé les moyens de le faire.

Pourquoi?

Peut-être, d’abord, parce qu’il y a moins de lisibilité sur le processus et l’évolution des choses. Ensuite, parce que l’intensité de la relation économique n’est pas la même. L’Egypte était au début de son ouverture économique et les entreprises françaises y sont présentes en beaucoup plus petit nombre. Enfin, les communautés ne sont pas aussi imbriquées qu’avec la Tunisie.

– Tous les articles sur

Ubifrance