Tunisie : ”Ennahdha devrait s’inspirer de l’exemple turc!”, estime Mohsen Marzouk

marzouki-25022011-art.jpgNous l’avons rencontré à la faveur d’un Forum organisé par le Kawakibi Democracy
Transition Center à Tunis sur le rôle des commissions d’investigation dans le
processus démocratique. Car Mohsen Marzouk, qui est SG de l’Institution arabe de
la démocratie, et également président de la commission exécutive du Kawakibi
Democracy Transition Center (deux Think-Tanks), est de ces activistes qui
croient que les grands dossiers dans les évolutions des pays en période de
transition ne peuvent trouver de dénouement sans une réflexion patiente et une
action encore plus patiente.

Il nous a parlé de justice de transition et de devoir de sincérité (comme dans
les comptes) et nous avons souhaité aller encore plus loin avec lui en lui
posant la question qui est sur toutes les lèvres en Tunisie: Où va Ennahdha? Et,
surtout, où la Révolution tunisienne lui demande-t-elle d’aller?

Sa réponse est directe, sans tourner autour du pot car, pour lui, le mouvement
islamiste Ennahdha est parmi les partis qui prennent la religion pour référence,
et s’il souhaite participer à la construction démocratique, il ne faut pas qu’il
oublie qu’elle est le fruit de la Révolution tunisienne dont les références très
actuelles sont connues de tous. ”Son programme doit clairement faire la part
des choses entre la religion et l’Etat et attester de son respect de toutes les
libertés, aussi bien individuelles que publiques. L’exemple turc pourrait lui
être très utile dans ce sens et il serait bien conseillé de s’inspirer de l’AKP.”

M. Marzouk pense cependant que le mouvement Ennahdha a fait quelques pas dans ce
sens et il affiche donc son espoir qu’il va continuer le processus avec la
finalité claire d’être un simple parti politique qui refuse de tomber dans le
piège de se proclamer du sacré et du religieux. Car, premièrement, la politique
est, par excellence, le domaine du profane et, deuxièmement, l’islam est la
référence partagée par tous les Tunisiens. Et personne n’a le droit de
s’approprier un bien commun, ajoute-t-il.

”Si Ennahda, qui est constitué de Tunisiens comme nous tous, réussit à opérer
cette rupture, il contribuera non seulement à moderniser le paysage politique
tunisien mais à donner un exemple de nouvelle mouvance politique pour tout le
monde arabe”, promet Mohsen Marzouk.