Tunisie : Un syndicat des inspecteurs du Travail à l’UGTT, l’UTICA crie au scandale, l’UGTT soutient et approuve

ugtt-syndicat-1.jpeg Les inspecteurs de travail seraient-ils devenus juges et parti après leur affiliation à l’UGTT? Nul doute, estime le patronat qui considère que la création d’un syndicat des inspecteurs du travail au sein de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) risque de déséquilibrer les rapports entre employeurs et travailleurs. «On n’a pas vu pareille action dans d’autres pays. Les inspecteurs de travail sont tenus à une position de neutralité et de réserve au risque de prendre des décisions inéquitables vis-à-vis des employeurs».

«En aucun cas, répond Hassine Abbassi, secrétaire général adjoint chargé de la législation à l’UGTT. Les inspecteurs de travail ont dévié de leur responsabilité première, à savoir celles de contrôler la réglementation du travail de conseiller et d’informer les employeurs et les salariés sur leurs droits et obligations pour s’occuper surtout de négociations lors des conflits individuels ou collectifs et des conciliations. Leur rôle premier est de veiller à l’application de la loi. Leur affiliation à l’UGTT ne pourrait nullement contrecarrer cette mission. Les inspecteurs de travail ont rejoint nos rangs parce qu’ils n’avaient aucune structure pour défendre leurs intérêts et droits matériels et moraux».

Sami Sellini, directeur central des affaires sociales à l’UTICA, estime, pour sa part, qu’il est inadmissible qu’à la veille d’un nouveau round des négociations sociales on prenne pareille décision. «Tous nos adhérents qui nous harcèlent à longueur de journée par rapport à l’adhésion des inspecteurs de travail à l’UGTT considèrent qu’on ne peut plus désormais dissocier la présence des inspecteurs de travail de celle de l’UGTT pendant le contrôle de la réglementation du travail ou les réunions de conciliation. L’UTICA s’inquiète sérieusement d’autant plus que les négociations sociales démarrent bientôt».

D’après M. Abbassi, aucune réglementation internationale ou nationale n’interdit la constitution d’un tel syndicat. «Sinon l’Administration publique, elle-même, ne l’aurait pas permis. En fait, les inspecteurs apportent des solutions légales lorsque des actions en justice sont jugées nécessaires ; ils appliquent tout simplement la loi».

La législation du travail appliquée dans tous les pays du monde accorde à l’inspecteur de larges prérogatives. Il exerce une mission de contrôle et d’alerte, qu’il s’agisse du contrat de travail, de sa durée, d’hygiène, de sécurité, ou du bon fonctionnement des institutions représentatives du personnel. Il participe à l’exécution des décisions de l’Etat concernant l’emploi, la formation professionnelle et l’amélioration des conditions de travail. Il a également un rôle de conseil auprès des salariés, des employeurs, qui peuvent faire appel à lui pour toute information relative au droit du travail.

L’inspection de travail assure avant tout un service public dont le but est de veiller à la paix sociale et l’équilibre des forces. Quel est le risque que la création du nouveau syndicat fasse pencher la balance en faveur d’un partenaire social plutôt que de l’autre?

Les patrons crient au scandale et appellent à dissoudre ce nouveau syndicat.

L’UGTT, au nom de son secrétaire général adjoint, estime qu’elle agit en toute légalité et assure qu’aucune menace ne pèse sur la parité Employeurs/Travailleurs.

Il faudrait peut-être laisser du temps au temps pour le prouver ou tout au contraire le désapprouver.