étrangères Alexander Stubb le 25 octobre 2010 à Luxembourg (Photo : Georges Gobet) |
[11/11/2010 12:28:31] BRUXELLES (AFP) L’Europe pourrait se retrouver au régime sec l’année prochaine et contrainte de gérer ses dépenses mois par mois si les gouvernements et le Parlement européens ne parviennent pas à s’entendre jeudi sur le budget 2011, objet d’une vive querelle depuis des semaines.
Les premiers veulent limiter la hausse des dépenses à 2,91% au moment où ils doivent tous se serrer la ceinture chez eux. Le second veut davantage en arguant vouloir donner à l’Europe les moyens de ses ambitions.
La menace de blocage a été signifiée par le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Danemark et la Suède dès l’ouverture d’une réunion des ministres des Finances ou du Budget de l’UE à Bruxelles.
“Une augmentation des dépenses de 2,91% est pour nous un maximum absolu et c’est déjà un compromis”, ont averti les représentants des Pays-Bas Ben Knapen et du Royaume-Uni Justine Greening. “C’est très impopulaire chez nous, cela va bien au delà des coupes imposées au niveau national”, a averti Mme Greening.
“C’est une concession que nous faisons”, ont renchéri leurs homologues danois Claus Hjort Frederiksen et suédois Hans Linblad, en rappelant que leurs gouvernements réclamaient “un gel des dépenses” au niveau de 2010, soit 123 milliards d’euros. La hausse de 2,91% représente 3,5 milliards d’euros.
Une ultime tentative de conciliation avec le Parlement est prévue jeudi, car les deux camps se montrent intransigeants.
“On est dans un jeu de pouvoirs”, explique une source européenne. Le budget 2011 est le premier négocié dans le cadre du Traité de Lisbonne, qui donne au Parlement européen les mêmes pouvoirs de décision que les Etats pour les dépenses.
Le Premier ministre conservateur britannique David Cameron a fait d’un plafonnement du budget de l’UE son cheval de bataille personnel, alors qu’il vient d’annoncer des coupes claires dans les dépenses publiques au Royaume-Uni.
Douze autres pays dont la France et l’Allemagne se sont ralliés à cette position.
Les eurodéputés accusent les Etats d’hypocrise.
Toute augmentation des dépenses inférieure à leur revendication de 6,19%, soit 7,5 milliards d’euros, obligera à en passer plus tard par des budgets rectificatifs pour compléter le financement de projets déjà acceptés, comme le réacteur nucléaire expérimental Iter cher aux Britanniques, a averti l’eurodéputée polonaise Sidonia Jedrezjewska, rapporteur du budget 2011 au Parlement européen.
“Personne ne trouvera entière satisfaction dans cette négociation, mais chacun va devoir faire des concessions”, a averti le ministre belge du Budget Melchior Wathelet, président de la réunion. “Un échec mettrait en péril plusieurs dossiers, comme le Service d’action extérieure et Iter”, a-t-il insisté.
Dans un tel cas, une procédure spéciale dite du “douzième provisoire” serait mise en oeuvre, consistant de facto à geler chaque mois en 2011 le budget à un douzième du niveau de 2010.
Concrètement, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton aurait moins d’un million d’euros par mois à compter du 1er janvier 2011 pour faire fonctionner son tout nouveau service d’action extérieure.
Cette bataille fait les choux gras des eurosceptiques, prompts à dénoncer par avance le gaspillage des fonds européens.
Open Europe, un centre de réflexion bruxellois, a publié mercredi une liste de gabegies budgétaires. Il épingle une dépense de 5,25 millions d’euros réglée par le Parlement européen en 2009 pour la location de limousines mise à disposition des élus lors de leurs sessions mensuelles à Strasbourg.