Tunisie-Enseignement : L’entrepreneuriat s’apprend sur terrain

aymen-saydia-1.jpg«Jeune diplômé, après avoir fait une maîtrise en finance, j’ai effectué un master intitulé “Entreprenariat dans l’économie numérique”, obtenu avec la mention “Très bien” et un projet qui a obtenu les félicitations du jury».

«Le mot entreprenariat était à l’origine de ce choix. Ce mot revêt une signification particulière à  mes yeux qui peut vous surprendre, vous faire rire même, ou vous paraître naïve. Mais je crois en moi-même et je préfère être optimiste pour arriver à toujours avancer»… Celui qui s’exprime ainsi s’appelle Aymen Ben Saadia, il a 27 ans. Il est aujourd’hui inscrit en Master Audit et Gestion des risques à l’Ecole supérieure des sciences commerciales (Essec ).

Pour lui, entreprendre c’est mettre «un peu de sa personne» dans un ouvrage à fin de le rendre meilleur et créer. «Ce mot qui a quelque chose de divin», dit-il,  est le moyen par lequel l’entrepreneur engendre une entité en constante évolution partant de sa propre expérience et de son savoir-faire. Il n’hésite pas à mobiliser toute son énergie, son temps et même son entourage à fin de réussir.

«Il n’y a pas d’entreprenariat sans idées. Il faut avoir du flair, un regard vigilant et critique pour dénicher la bonne voire la meilleure idée, celle qui est la plus porteuse, la plus enthousiasmante. «Une idée du genre qui a fait dire à Archimède «Eurêka !» (J’ai trouvé). Selon le dire de nos ainés : «Plus on avance dans l’âge, plus il devient difficile de trouver une idée pour laquelle nous sommes prêts à tout risquer. En tant que jeune plein d’ambition je suis toujours à l’affût de «l’idée» et prêt à me lancer. Mais est-ce aussi simple que ça ?», s’interroge Aymen.

Aymen s’est déjà engagé dans deux petits projets avec leurs lots d’échecs et de succès. «Partant de mon humble expérience, je puis dire que ma perception de l’entrepreunariat est devenue plus pessimiste. Vu la réalité à laquelle je suis confronté et qui se trouve loin des rêves du jeune diplômé qui songeait à «monter sa propre boîte».

A lui seul, le financement est une épopée! Recourir au financement public, c’est se perdre dans la dédale de la bureaucratie. «C’est désolant de le dire mais il est difficile de supporter le comportement inacceptable de certains fonctionnaires sensés être là pour nous aider avec lesquels persiste le sentiment de suspicion et de méfiance, de peur de se faire piquer son idée. Et c’est ainsi qu’on se retrouve vite dans une impasse. Malgré cela, ce n’est pas une raison pour baisser les bras!»

Une fois le financement obtenu, vous vous trouvez face à une concurrence, explique Aymen, contre laquelle vous aurez beau avoir fait les plus prestigieuses écoles de commerce, vous ne pourrez jamais comprendre… L’entrepreneuriat, malgré ses multiples difficultés et une fois que vous y avez pris goût, suscite en vous un grand sentiment «d’épanouissement, et vous ne pourrez quand vous l’avez connu, vous soumettre au diktat auxquels sont soumis les salariés». Pas de limites pour les ambitions… «Vous êtes votre propre patron !». Avec ses avantages et bien sûr son lot d’inconvénients.

«Mon seul regret, c’est qu’on ne nous a pas appris l’entrepreneuriat sur le terrain plutôt pendant nos études, c’est-à-dire dès notre première année d’université, toutes disciplines confondues, car en chacun de nous sommeille un entrepreneur. Mais je pense que cette lacune est en voie d’être corrigée grâce aux réformes de l’enseignement supérieur».

Pour Aymen Saadia,l’économie de chaque pays ne peut que mieux se porter en encourageant  l’innovation et la création d’entreprises. Les entrepreneurs sont le moteur de l’économie, ils relient le besoin au consommateur, ils créent des emplois, et produisent des revenus…».Il faudrait juste des entrepreneurs qui se soucient du côté éthique et social de l’économie, des valeurs sans lesquelles leur succès sera éphémère. La difficulté de réussir ne fait qu’ajouter la nécessité d’entreprendre.Ces mots ont été écrits en 1775 dans la formidable oeuvre de Beaumarchais (“Le barbier de Séville). On voit ainsi qu’entreprendre restera toujours un souci de l’humanité, puisque sans entrepreneurs, la civilisation n’avancera jamais. Voilà pourquoi je conseillerais mes congénères de toujours alimenter cet espoir : “un jour je vais créer mon propre projet”.

Pour finir, pourquoi pas rappeler cette phrase devenue culte: «Yes we Can !», d’un certain Obama. Même si la Tunisie n’est pas les USA.