Tunisie : Antiquité, un legs civilisationnel certain

Le premier tome de l’«Histoire Générale de la Tunisie», consacré à
l’«Antiquité», donne la preuve de l’importance du legs civilisationnel de la
Tunisie qui a été pendant presque la moitié de son histoire (1484 ans) punique,
romaine, vandale puis byzantine.

Le citoyen lambda, qui en a certes conscience, oublie que la Tunisie, qui est
musulmane depuis la fondation de Kairouan en 670 après la naissance du Christ,
soit 1340 ans, a été pendant 1484 ans punique, romaine, vandale et byzantine.
C’est précisément dans cette partie de l’histoire de la Tunisie que nous plonge
le Tome I de «L’histoire Générale de la Tunisie» consacré à l’Antiquité *.

Publié par Sud Editions, l’ouvrage, écrit par quatre chercheurs tunisiens des
plus connus, professeurs d’université et conservateurs de sites archéologiques,
va plus loin en nous faisant connaître, d’abord, une période sur laquelle tout
un chacun se doit de s’arrêter : la préhistoire. Un pan de notre histoire aussi
riche que ceux qui vont suivre.

Les archéologues ont découvert à El Guettar, près de Gafsa, au sud de la
Tunisie, «un amoncellement d’objets préhistoriques remontant à plus de 40.000
ans et constitué de pierres sphériques, de silex taillés, de dents…». Un amas,
«considéré comme l’une des premières manifestations religieuses de l’homme».

Autre site non moins important attestant de la présence de l’homme à la
préhistoire : la région de Gafsa. Le Capsien (7.000 à 8.000 avant J.-C.) marque
une époque où l’homme vivait «de chasse et de cueillette» au cours de laquelle
on note «l’éveil de la sensibilité artistique», notent les auteurs.

L’évocation des Berbères, qui constituent dans l’esprit des Tunisiens la
population originelle de notre pays permet de tordre le coup à des «vérités
historiques». Les Berbères «ne sont, à l’origine, que des étrangers venus, vers
le Néolithique, se fixer dans un pays jusqu’alors peuplé d’hommes sur lesquels
nous ne possédons presque pas de renseignements sinon qu’ils ont été métissés
d’éléments plus ou moins négroïdes vers l’époque capsienne».

Le récit de la période carthaginoise apporte un éclairage certain sur l’étendue
du legs de la civilisation punique. L’ouvrage souligne la richesse du savoir
d’un Magon (IVème avant J.-C.) considéré comme le père de l’agronomie. Un savoir
encyclopédique qu’il a consigné dans 28 volumes.

Comme il apporte moult détails sur le génie militaire du général Hannibal qui a
réussi, en août 216 avant J.-C, à la légendaire bataille de Cannes, à défier les
légions romaines en surnombre -ils étaient deux fois plus nombreuses que ses
soldats- et à domestiquer les lois du relief et du climat, après avoir traversé
brillement et courageusement les Alpes.

Economie, politique, art de la guerre, vie artistique et intellectuelle,
l’ouvrage nous fait visiter la période punique, à travers notamment nombre de
photographies, de cartes et de dessins présentant des statuts, des sites, des
mosaïques,…

L’un des documents les plus intéressants est, sans doute, celui du buste en
bronze d’Hannibal. Un portrait «présumé d’Hannibal jeune», précise l’ouvrage. Un
Hannibal représenté à la mode hellénistique sur le modèle d’Alexandre le Grand :
jeune homme imberbe, aux traits gracieux et énergiques à la fois, à la tête
ceinte du diadème royal». Un buste exposé au Musée de Rabat, au Maroc. Un
document largement inconnu de la part des non spécialistes.

Nous reviendrons dans un prochain article sur cet ouvrage facile à lire et qui
constitue, à n’en point douter, une référence pour tous ceux Tunisiens ou non
qui veulent se ressourcer dans un passé glorieux.*

* Hédi Slim, Ammar mahjoubi, Khaled Belkodja et Abdelmajid Ennabli, Histoire
Générale de la Tunisie, TomeI, l’Antiquité, Tunis : Sud Editions, 460 pages.