Bettencourt : plainte d’un actionnaire contre un contrat entre L’Oréal et Banier

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écrivain François-Marie Banier le 15 avril 2010 au tribunal de grande instance de Nanterre. (Photo : Miguel Medina)

[20/07/2010 17:10:59] PARIS (AFP) Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris après la plainte d’un petit actionnaire de L’Oréal qui accuse notamment le photographe François-Marie Banier d’avoir bénéficié d’un contrat de complaisance avec la société, a-t-on appris mardi de source judiciaire.

C’est la première fois depuis le début de l’affaire Bettencourt, du nom de l’héritière et première actionnaire du leader mondial des cosmétiques, que le groupe apparaît aussi directement dans un des volets du dossier.

Cette plainte d’un petit actionnaire de L’Oréal porte notamment sur “la diffusion d’informations fausses ou trompeuses, faux et usage de faux, abus de biens sociaux, complicité et recel”, a détaillé son avocat, Me Frédérik-Karel Canoy.

“C’est une plainte contre X mais elle vise notamment François-Marie Banier pour l’abus de biens sociaux”, a précisé Me Canoy.

Son client, Michel Tiphineau, avait déjà porté plainte dans une autre affaire pour abus de biens sociaux contre Antoine Zacharias, l’ex-PDG du géant du BTP Vinci, dont il était aussi actionnaire.

François-Marie Banier, un proche de la milliardaire, a bénéficié, à compter du 1er janvier 2002, d’un contrat de 405.000 euros par an pendant 10 ans pour des “conseils de mode et de sensibilité artistique”, selon Me Canoy, qui dénonce “une dépense abusive et illicite qui va à l’encontre de l’intérêt social de l’entreprise”.

“Nous avons pris connaissance du dépôt d’une plainte contre X. Son contenu nous étant inconnu, nous ne pouvons la commenter”, a indiqué de son côté une porte-parole de L’Oréal.

“Nous confirmons cependant l’existence d’une relation contractuelle, d’ailleurs publique, avec M. François-Marie Banier depuis une dizaine d’années et qui prend fin en 2011”, a-t-elle ajouté, sans donner plus de précisions sur ce contrat.

L’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris a été confiée aux policiers de la Brigade financière, qui enquêtent déjà sur d’autres volets de la tentaculaire affaire Bettencourt.

En cas d’abus de biens sociaux, M. Banier risquerait d’être poursuivi pour “recel d’abus de biens sociaux”, et les dirigeants de L’Oréal et la société elle-même pourraient être poursuivis pour “abus de biens sociaux”, a précisé à l’AFP Me Jean-Philippe Delsol, avocat fiscaliste notamment spécialisé dans la gestion patrimoniale des groupes de sociétés familiales.

Pour des analystes interrogés par l’AFP, ce nouveau volet de l’affaire ne devrait toutefois pas avoir pour le moment d’impact sur le groupe.

Epargné par les remous du dossier Bettencourt, celui-ci a annoncé dernièrement un chiffre d’affaires en hausse de 12,4% au 2e trimestre.

A la Bourse de Paris, le titre L’Oréal a terminé mardi en baisse de 0,71%, dans un marché en recul de 0,53%.

Depuis la révélation des enregistrements pirates au domicile de Liliane Bettencourt, le 16 juin, le titre a gagné environ 0,9%, quand le CAC 40 perdait 5,7%.

M. Banier est par ailleurs accusé par la fille de Mme Bettencourt, Françoise Meyers-Bettencourt, d’abus de faiblesse envers sa mère. Elle le soupçonne d’avoir spolié la milliardaire d’une partie de ses biens.

Contrats d’assurance-vie, chèques, tableaux de maîtres, le photographe des stars se serait, selon elle, fait remettre près d’un milliard d’euros de dons, dans les années 1990 et 2000, profitant de la fragilité psychologique de l’octogénaire.

Une thèse fermement démentie par l’intéressé, qui assure que ces cadeaux lui ont été consentis par une “femme brillante et libre”.