Poutine à Paris : la Russie veut le Mistral avec sa technologie

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çais François Fillon, le 10 juin 2010 à Matignon (Photo : Joel Saget)

[11/06/2010 12:32:22] PARIS (AFP) La Russie a de nouveau conditionné vendredi à Paris, lors d’une visite du Premier ministre Vladimir Poutine, l’achat de puissants navires de guerre français Mistral à la fourniture par Paris de technologies de pointe.

Ce marché militaire, pour lequel les deux pays sont entrés au mois de mars en “négociations exclusives”, suscite les inquiétudes des pays voisins de la Russie, Etats baltes et Géorgie en tête. Une telle vente de matériel de défense à la Russie constituerait aussi une première pour un pays de l’Otan.

“Il n’y a rien de politique là-dedans, que du business”, a déclaré à l’AFP le ministre de l’Industrie Viktor Khristenko, en marge de la visite de Vladimir Poutine. “Pour nous, le plus important, c’est d’acheter des technologies, c’est ça l’avenir”, a-t-il ajouté.

“Ca ne vaut pas la peine d’acheter des produits, les technologies sont beaucoup plus importantes”, a insisté auprès de l’AFP le vice-Premier ministre Igor Setchine.

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çais, amarré à Saint Pétersbourg le 23 novembre 2009. (Photo : Kirill Kudryavtsev)

Avant de se rendre en France, Vladimir Poutine avait prévenu que l’achat du Mistral, un porte-hélicoptères permettant notamment l’envoi de troupes sur les théâtres d’opérations, n’avait d’intérêt pour Moscou que s’il s’accompagnait d’un “transfert de technologies”.

“Aujourd’hui, le monde vit un moment difficile et nous devons être ensemble pour rester concurrentiels (…). Dans les domaines scientifique et technologique, nous devons unir nos efforts”, a expliqué vendredi Vladimir Poutine, aux côtés de son homologue français François Fillon

Les déclarations russes tranchent avec les assurances qu’avaient voulu donner les responsables français jusqu’à présent. La vente des navires se fera “sans équipement militaire”, avait déclaré le président français Nicolas Sarkozy, en recevant en mars à Paris son homologue russe Dmitri Medvedev.

Le Mistral est un navire doté d’une grande mobilité, qui peut transporter des hélicoptères, emmener des troupes et des blindés, abriter un état-major ou un hôpital.

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çois Fillon à Matignon à Paris le 10 juin 2010. (Photo : Joel Saget)

La Russie souhaite en acheter un exemplaire à la France, et en fabriquer trois autres dans ses chantiers navals.

Outre des discussions sur le Mistral, la visite à Paris de Vladimir Poutine avait une forte coloration économique.

Avec François Fillon, le Premier ministre russe a inauguré vendredi l'”Exposition nationale russe”, au Grand Palais à Paris. Il s’agit d’une vitrine économique et culturelle de la Russie, mettant l’accent sur les coopérations dans quelques domaines économiques: aérospatial, aéronautique, automobile et énergie.

Vladimir Poutine déjeunait ensuite avec le président Nicolas Sarkozy, après avoir eu un entretien en tête-à-tête avec Christophe de Margerie, le président du géant pétrolier Total, notamment impliqué dans le vaste projet gazier de Chtokman, dans le grand nord russe.

“C’est important de discuter avec le Premier ministre. Il joue bien évidemment un rôle décisif”, a confié à l’AFP le patron de Total.

Vladimir Poutine a également abordé avec ses interlocuteurs les grands dossiers diplomatiques, dont la Géorgie et l’Iran, sous le coup depuis mercredi d’une nouvelle vague de sanctions internationales liées à son programme nucléaire.

L’une des pricipales conséquences de cette nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU est d’empêcher la Russie de livrer des missiles S-300 sol-air à la République islamique. “Les S-300 tombent sous le coup des sanctions (de l’ONU). Ainsi, ce type d’armement ne peut pas être livré à l’Iran”, a déclaré vendredi une source du Kremlin.