Pierre Ménat, ambassadeur de France : “La Tunisie gagnerait à être connue dans sa diversité”

pierremenat-1.jpgLa France reste le premier partenaire européen de la Tunisie «considérée comme l’une des économies les plus solides d’Afrique». Les échanges entre les deux pays sont de l’ordre de 6 milliards d’euros, et les 1.200 entreprises françaises implantées en Tunisie emploient près de 150.000 personnes.

De bons indicateurs, serions-nous tentés de dire, d’autant plus que le Forum de l’emploi, organisé les 21 et 22 avril 2010 à l’UTICA,  serait considéré comme une réussite pour une première. Les chiffres sont parlents : 3.000 visiteurs, 1.280 emplois proposés, 519 formations et 360 recrutements. La Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI), le ministère tunisien de la Formation professionnelle et de l’Emploi, patronat, syndicats, tous ont mis du leur pour assurer le succès de cette initiative.

Il faut reconnaître que la thématique de l’emploi est une priorité nationale en Tunisie, étant un point noir dans une économie stable.  Pierre Ménat, ambassadeur de France, depuis bientôt 8 mois, estime que la Tunisie et la France peuvent travailler ensemble sur cette problématique importante et précise lors d’un point presse organisé mardi 8 juin 2010 «qu’un forum pour l’emploi permanent est en train d’être mis en place via un site Internet dédié».  

La France soutiendra également et sans conditions préalables la requête de la Tunisie pour accéder au Statut avancé au sein de l’Union européenne : «Tout le monde est d’accord sur le principe», indique le diplomate français. Il y aura bien entendu des négociations touchant aux volets politique, économique, à la participation de la Tunisie au programme sur le rapprochement des peuples et la facilitation de la libre circulation des personnes, ainsi que son adoption du principe de la coopération centralisée. Le Statut avancé permettra à la Tunisie de bénéficier de lignes de financements européennes pour la recherche scientifique et du Fonds de développement solidaire.

La coopération économique entre les deux pays n’a pas été altérée, même en temps de crise, d’ailleurs deux importantes missions sont prochainement attendues à Tunis, l’une de la région Paca et l’autre en provenance de l’Hérault. 

Tout récemment, on a assisté au lancement d’Orange Tunisie et à la pose de la première pierre de l’unité de production d’Aerolia.

Rappelons à ce propos que le positionnement de la Tunisie sur l’aéronautique s’est rapidement développé. En 2009, on a comptabilisé 46 unités de production employant 3.900 personnes. La production est passée, pour sa part, de 17 MDT en 2003 à 116 MDT en 2008. L’avionnaire Zodiac est, pour sa part, en train de renforcer sa place en Tunisie. La France veut également accompagner la Tunisie dans sa quête vers un positionnement en tant que plateforme technologique en Méditerranée. Les entreprises françaises sont très présentes dans les techno-parcs, et en matière de partenariat entre entreprises françaises et tunisiennes, l’exemple Telnet/Altran Technologies est plus qu’édifiant, aujourd’hui, grâce à cette fusion, le nom d’Altran Telnet Corporation est plus que connu sur les deux places.

La profondeur des relations économiques privilégiées entre les deux pays est due, entre autres, à la francophonie, la langue des affaires est le français, assure Pierre Ménat, d’où l’importance de renforcer la présence de la langue française en Tunisie. «7.000 élèves sont inscrits dans les écoles françaises, sans oublier que désormais l’Ecole internationale de Carthage sera homologuée jusqu’au baccalauréat».

Le nombre d’inscrits tunisiens dans les universités françaises est en hausse avec une évolution vers la spécialisation après la licence soit le quart de ceux qui poursuivent leurs études dans l’Hexagone. Trois accords de formation dans le secteur des télécommunications ont été signés entre les deux pays et des diplômes reconnus mutuellement seront décernés aux étudiants, sans oublier une coopération de plus en plus développée dans le domaine de la recherche.

La Francophonie ne doit cependant pas être considérée comme un acquis, d’où l’importance d’avoir un centre culturel intégré qui regroupera tous les services et supervisera toutes les activités culturelles. L’édification du centre démarre incessamment. En attendant, des journées audiovisuelles  seront organisées à Tunis les 26 et 27 octobre 2010 prochain, parallèlement aux Journées cinématographiques de Carthage. Les médias français y seront présents, à commencer par France télévision. Il est aujourd’hui important de récupérer le terrain perdu par les médias français  en Tunisie. Pour cela, des professionnels des deux pays seront amenés à proposer des projets concrets de partenariat. «Nous voulons mieux faire connaître la Tunisie en France, indique Pierre Ménat, le pays gagnerait à être connue dans sa diversité».

– Tous les articles sur

Tunisie-France