L’agriculture à l’honneur les 23 et 24 mai sur les Champs-Elysées

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ées. (Photo : Jean-Pierre Muller)

[22/05/2010 06:42:25] PARIS (AFP) Vingt ans après la “Grande Moisson”, les agriculteurs reviennent s’installer sur les Champs-Elysées les 23 et 24 mai pour vanter leur métier alors que le secteur connaît une des plus graves crises de ces dernières décennies.

Organisée avec le concours du syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA) et de France Bois Forêt, cette “oeuvre poétique”, baptisée “Nature Capitale”, est signée du créateur d'”art de rue”, Gad Weil.

C’est lui qui avait déjà mis en scène il y a 20 ans la “Grande Moisson”, dont les JA avaient également été à l’initiative. Les Champs-Elysées avaient alors été transformés en une vaste plaine de blé qui fut moissonnée.

Gad Weil souhaitait renouveler l’opération, en cette année consacrée à la biodiversité, et s’est dit “ravi de travailler avec ceux qui feront l’agriculture de demain”.

Plus de deux millions de personnes sont attendues à cet événement dont l’accès sera gratuit. Sur une longueur de 1,2 km, de la place de l’Etoile au rond-point des Champs-Elysées, toute l’avenue sera recouverte d’un plateau végétal, composé de milliers de parcelles de terre.

Plus de bitume et de voitures, mais des jardins et des forêts composés de centaines de fleurs et d’arbres, ainsi que de fruits et de légumes. Une organisation qui a mobilisé plus de 2.000 jeunes depuis un an.

Les cultures ont été réparties sur six sites de production en France et seront installées dans la nuit de samedi à dimanche pour deux jours et une nuit dans les champs.

Veaux, vaches, cochons, chèvres, moutons: les animaux ne sont pas oubliés même s’ils ne seront qu’en petit nombre. L’objectif est de présenter des spécimens peu connus comme le cul noir limousin, une race porcine ancienne dont le gras –qu’elle a en grande quantité– est recherché pour accompagner les plats des grands chefs.

Un marché de produits locaux sera aussi proposé aux promeneurs en bas de l’avenue à la hauteur du Grand Palais.

En marge de cette manifestation, les bouchers de la région parisienne organiseront dimanche un barbecue géant gratuit sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris pour valoriser leur métier.

Le budget de “Nature Capitale” s’élève à 4,2 millions d’euros, identique à celui de la “Grande Moisson”. L’événement est co-financé aux deux tiers par des annonceurs et le solde par la société de Gad Weil qui revendra des oeuvres végétales aux amateurs.

Il y en aura pour toutes les bourses. De 14 à 145 euros, on pourra emporter un souvenir… en pot ou une mini-parcelle.

“Alimentation, territoires, biodiversité” sont les trois principaux thèmes de cette manifestation, a souligné William Villeneuve, le président des JA.

Des tables rondes se tiendront dans plusieurs lieux, disséminés le long des Champs-Elysées, dont le Fouquet’s où se tiendront de nombreuses discussions parmi lesquelles “quel avenir pour les partis écologistes ?”.

Le patron des JA est soucieux de lancer un “message positif” pour ne pas décourager les vocations alors que le secteur agricole est en plein désarroi.

Bousculés à la fois par des prix bas de production et des aides européennes décroissantes, les agriculteurs, et surtout les jeunes qui se sont endettés pour s’installer, s’interrogent sur leur avenir.

Le revenu moyen de l’agriculteur a baissé de plus d’un tiers en 2009. En réponse, pour parer au plus pressé, le gouvernement a lancé un plan de soutien de 1,8 milliard d’euros de prêts et 650 millions d’aides.

Mais le ministre de l’agriculture, Bruno Le Maire veut aussi s’attaquer aux problèmes structurels. Le sénat examine depuis le début de la semaine la loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche (LMAP). Son objectif est d’assurer des revenus plus stables aux paysans.