La Berd demande une rallonge pour aider la reprise en Europe de l’Est

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ésident de la Berd, Thomas Mirow, fait une déclaration lors de l’ouverture de l’assemblée générale le 13 mai 2010 à Zagreb (Photo : Hrvoje Polan)

[14/05/2010 08:46:05] LONDRES (AFP) La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) va réclamer une hausse de 50% de ses ressources lors de son assemblée générale vendredi et samedi à Zagreb pour doper ses aides à une Europe de l’Est fragilisée par la crise et menacée par la tourmente en Grèce.

La Berd, qui fêtera ses vingt ans l’an prochain et qui avait été créée pour faciliter la transition vers l’économie de marché des pays de l’ex-bloc soviétique, estime avoir prouvé qu’elle reste plus que jamais d’utilité, alors qu’il y a deux ans, son existence même était contestée.

Pour amortir les effets d’une récession qui a ravagé les pays de sa zone, qui s’étend de l’Europe centrale à l’Asie centrale (et à laquelle s’est jointe la Turquie en 2008), et pour contrer l’assèchement des sources de financement privées, la banque a en effet porté ses investissements à des niveaux records, avec 8 milliards d’euros prévus cette année.

Mais, même si l’institution espère un retour à la croissance de sa zone cette année (autour de 3,3%, après une chute de 6% l’an dernier), ce n’est pas le moment selon elle de baisser les bras face à des déséquilibres persistants qui risquent de freiner cette reprise et en pleine crise grecque qui menace de se répercuter dans la région.

Le président de la Berd, Thomas Mirow, a espéré la semaine dernière que la capitale croate servirait de cadre à “des débats très intenses et vivants sur la situation économique dans l’Europe du sud-est et l’impact potentiel de la situation en Grèce”.

“C’est vrai, le climat économique s’est amélioré par rapport à l’an dernier, mais la région fait toujours face à des risques externes, et je veux travailler avec nos actionnaires pour qu’on aide nos pays à rendre leur modèle de croissance plus robuste”, a plaidé M. Mirow, nommé il y a deux ans à la tête de la banque.

Selon lui, il faut continuer à aider “l’Europe émergente” à corriger ses multiples “vulnérabilités”, comme une forte dépendance à l’égard des matières premières (comme le pétrole), un besoin de moderniser des infrastructures de toutes sortes (transports, télécoms, énergie…), sans oublier l’immense défi du changement climatique.

Quant à la Grèce, la Berd a identifié trois canaux potentiels de répercussions: une rechute économique en zone euro qui plomberait la demande pour les biens produits en Europe de l’Est; un nouveau gel du marché du crédit qui empêcherait les entreprises de la zone de se financer; et une éventuelle perturbation des activités des filiales des banques grecques dans les Balkans.

M. Mirow va donc demander en Croatie, à la soixantaine de pays et organisations internationales qui détiennent la Berd, d’augmenter de 50% les fonds propres de la banque pour les porter à 30 milliards d’euros.

Cette augmentation de capital devrait être approuvée sans difficulté. Le conseil d’administration de la Berd a validé ce projet à l’unanimité en mars dernier et aucun des actionnaire (UE, Etats-Unis, Japon…) n’a exprimé ouvertement de réticences.

Cette rallonge devrait permettre à la banque de hisser ses investissements entre 8,5 et 9 milliards d’euros entre 2011 et 2015, au lieu de 5 à 6 milliards d’euros si ses ressources restaient à leur niveau actuel.

Comme l’a souligné M. Mirow, la Berd pourra ainsi investir 15 à 18 milliards d’euros de plus sur la période, et sachant que chaque euro investi par la banque génère deux à trois euros d’investissement privé, les 10 milliards de fonds propres supplémentaires pourraient générer au total “cinquante à soixante milliards d’euros” de retombées dans l’ex-bloc soviétique.