Tunisie – Technologie : Integration Objects réussit à l’international mais pas en Tunisie!

Créée en 2002 à Tunis, la société Integration Objects est spécialisée dans le développement de solutions informatiques pour les secteurs de l’industrie et de l’énergie, et notamment le pétrole et la chimie. Ses processus sont certifiés ISO 9001 (version 2008). Nous avons rencontré
M. Samy Achour, son président et fondateur.

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Avec une équipe 100% tunisienne -une quarantaine de personnes, Integration
Objects a imposé ses produits software fabriqués sur-mesure pour le secteur
industriel et énergétique. Alliant compétences informatiques et expertise
«métier», les applications informatiques réalisées sont installées «prêtes à
l’utilisation».

Les softwares développés par Integration Objects portent principalement sur le “Manufacturing
Operation Management” dont l’objectif est la gestion et l’optimisation de la
production tout en tenant compte des contraintes opérationnelles, de la sécurité
du personnel et des actifs, des objectifs de production, des coûts, avec le
souci de maximiser les résultats pour ses clients. Revenons sur le parcours de
cette start-up et ses réussites.

Vaincre les réticences…

Le 1er «gros client» américain qui a accordé sa confiance à cette start-up
tunisienne fut ExxonMobil, mais ce ne fut pas facile de conquérir ce marché. M.
Achour se souvient d’un premier contact politiquement correct avec les
responsables ExxonMobil qui revendiquaient leur statut d’entreprise
internationale et disaient ne pas avoir de réticence à signer avec une société
d’Afrique du Nord. Pourtant, avant de concrétiser ce partenariat, ils ont fait
appel à un cabinet d’expertise qui a évalué pendant 3 mois les solutions
proposées par des entreprises d’envergure et celles proposées par Integration
Objects. Quand le verdict est tombé, le classement plaçait la solution de
l’entreprise tunisienne bien au-dessus de ses concurrents… Depuis, ExxonMobil
est un de ses fidèles clients !

Pour travailler avec «les plus grands»

Ainsi, Integration Objects s’est imposée dans la cour des grands, notamment avec
son «Automated Emergency Advisory System», un système d’aide à la décision à
base d’intelligence artificielle. C’est l’application qui est installée dans la
salle de contrôle des commandes pour la gestion et la distribution de la
production pétrolière saoudienne, gérée par Saudi Aramco. Elle sert à planifier
finement la production et la livraison de 25% de la production mondiale de
pétrole. Intelligent, AEAS récupère les données éparpillées dans plusieurs
systèmes d’information et les traite en simulant les connaissances et le
know-how (expertise) humains. Cette solution complexe est déployée sous forme
d’interfaces intuitives. Un tel système de gestion de l’information intégrant
les connaissances humaines améliore la productivité en réduisant la durée des
dysfonctionnements.

Un article dans les médias américains a, d’ailleurs, fait éloge de l’effort qu’Integration
Objects a déployé pour la modernisation des systèmes d’information liés à leurs
réseaux industriels et l’intégration de leurs systèmes de contrôle de commande
de la plus grande usine de traitement de pétrole et de gaz dans le monde : Saudi
Aramco Abqaiq Plants, avec 7 millions de barils par jour.

Cette installation réalisée par Integration Objects est candidate pour recevoir
un prix mondial reconnaissant leur effort, technologie et réussite pour la
modernisation du système intégré d’information et de contrôle aux commandes
de la plus grande usine dans le monde de traitement de gaz et d’huile.

De même, le plus grand complexe pétrochimique du Moyen-Orient (PetroRabigh)
utilise plus de 1.100 pages graphiques et le système d’information en temps réel
réalisés par Integration Objects en partenariat avec Invensys, pour leur système
d’aide à la décision.

A l’aide d’une application unique, «KnowledgeNet» (KNet)

Ce software, créé par l’équipe d’Integration Objects, améliore les performances
des niveaux opérationnels et financiers en intégrant toutes les applications
informatiques existantes afin d’optimiser les opérations des processus
manufacturiers. KNet consiste à intégrer toutes les données informatiques
disponibles, et les connaissances au sein d’une entreprise à l’aide d’une
application intelligente (paramétrée selon les savoir-faire impalpables de
l’organisation) pour une conduite optimisée.

Des perspectives radieuses mais encore difficiles localement…

Le recrutement continu d’ingénieurs tunisiens (informaticiens, automaticiens,
chimistes, etc.), assure une croissance linéaire et contrôlée du Chiffre
d’affaires d’Integration Objects.

En revanche l’ouverture vers le marché tunisien est plus symptomatique des
difficultés rencontrées par une entreprise locale, les compétences et
l’intelligence n’étant pas un problème. En effet, les secteurs de l’énergie et
de l’industrie lourde tels que la chimie, l’énergie, le pétrole et gaz, le
ciment, sont bien représentés en Tunisie. Mais, pour travailler dans son pays,
nous explique toujours M. Achour, la société est un peu trop tunisienne aux yeux
de grands donneurs d’ordre, qui préfèrent octroyer la plupart des marchés
tunisiens à des entreprises européennes, à qualification équivalente. Il a tout
de même contribué avec son équipe à la mise à niveau et à la maintenance du
système de contrôle de commande de l’usine de Petrofac de Kerkennah. Integration
Objects a ainsi eu la confiance de Petrofac et de l’ETAP, pour des services et
compétences qui sont d’habitude importés.

Quoique ses solutions soient destinées principalement à l’export, Integration
Objects rencontre, encore, des difficultés à obtenir des visas pour l’Europe et
notamment en France, ce qui ne lui permet pas toujours d’assurer une réactivité
acceptable pour ses clients européens. L’entrepreneur est souvent perplexe
devant la pression qu’exerce la Communauté européenne sur la Tunisie par rapport
à l’ouverture de son marché, alors que la réciprocité reste à démontrer.

Ces deux challenges : manque de confiance des donneurs d’ordre tunisiens et
blocage européen, que déplore M. Achour, ralentissent l’économie et privent le
pays d’opportunités pour monter en gamme et vraiment prendre pied dans le
développement du secteur technologique, sans oublier le manque à gagner en
création d’emplois.