Le chômage devrait amputer cette année le pouvoir d’achat des Français

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é, le 09 mars 2009, dans un magasin de Grigny, près de Lyon (Photo : Jean-Philippe Ksiazek)

[30/03/2010 14:16:29] PARIS (AFP) La hausse du chômage devrait cette année avoir raison du pouvoir d’achat des Français, préservé l’an dernier par une très faible inflation et les mesures de soutien du gouvernement, ce qui risque de les pousser à épargner plus au détriment de la consommation.

En 2009, le pouvoir d’achat des ménages a crû de 2,1% malgré la crise, après plus 0,7% seulement en 2008, a souligné l’Insee mardi.

Malgré cette réalité statistique, “les Français n’ont pas vraiment eu l’impression de le voir progresser car ce surcroît s’explique avant tout par une modération de l’inflation et non par une hausse des salaires”, estime Alexander Law, économiste au cabinet Xerfi.

Les prix à la consommation ont en effet progressé en moyenne de seulement 0,1% en 2009 après une hausse de 2,8% en 2008, tandis que la masse salariale a stagné l’an dernier.

Les revenus des ménages ont parallèlement été soutenus par les mesures budgétaires déployées pour faire face à la crise, comme la hausse des prestations sociales et les baisses d’impôts.

Or, ces aides du gouvernement vont progressivement se tarir en 2010, alors que l’inflation devrait repartir légèrement à la hausse.

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é remplis de produits de première nécessité dans un supermarché à Grigny (Photo : Jean-Philippe Ksiazek)

Surtout, les ménages vont subir de plein fouet les conséquences de la flambée du chômage.

Même si la dégradation de l’emploi ralentit par rapport au plus fort de la crise, l’Insee prévoit tout de même 80.000 destructions d’emplois salariés au premier semestre (moins 100.000 au semestre précédent).

“Les perspectives de rebond du marché du travail, même chez les plus optimistes, sont moroses”, relève Cyril Blesson, économiste au cabinet de conseil en investissements Seeds Finance.

Les gels de salaires décidés par une majorité d’entreprises pour faire face à la crise devraient perdurer à court terme, selon le bulletin trimestriel de la Banque de France publié mardi

Conséquence : le pouvoir d’achat des Français, qui a crû de 0,2% au dernier trimestre 2009 (après plus 0,5% au troisième trimestre et plus 1,1% au deuxième), ne devrait progresser que de 0,3% au premier semestre 2010, selon l’Insee.

“Les ménages vont payer les pots cassés de la crise avec retard”, prédit Alexander Law.

Très inquiets de la montée du chômage, ils devraient continuer à fortement épargner.

En moyenne sur 2009, le taux d?épargne des ménages a augmenté de 1,1 point, pour s?établir à 16,4%, un niveau qu?il n?avait plus atteint depuis 2002.

Au quatrième trimestre, il a toutefois un peu reculé (16,3%) car, selon Alexander Law, les ménages ont puisé dans leur épargne pour profiter de la prime à la casse et financer leurs achats automobiles.

Mais “tant que le chômage n’aura pas baissé, le taux d’épargne devrait rester élevé, voire remonter”, prévoit l’économiste.

“Les ménages vont vouloir garder une épargne de précaution et se reconstituer un patrimoine financier, érodé par la crise, avec la baisse de la Bourse et des prix immobiliers”, estime de son côté Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des Conjonctures économiques (OFCE).

La réforme des retraites devrait en outre inciter les Français à se constituer une épargne retraite, juge Cyril Blesson.

Poussés à épargner, les Français devraient du coup moins consommer. Traditionnel moteur de la croissance française, la consommation a déjà commencé à vaciller en début d’année. Selon les dernières prévisions de l’Insee, elle ralentirait nettement (plus 0,1%) au premier trimestre et reculerait même au second (moins 0,2%).