Voyager dans le temps avec des montres suisses en crotte de dinosaure

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ère création, une montre contenant des excréments de dinosaure, le 17 mars 2010 à Bâle (Photo : Fabrice Coffrini)

[22/03/2010 11:36:07] BÂLE (AFP) Il avait déjà utilisé de la poussière de lune et de la rouille du Titanic. Cette année, l’horloger suisse Yvan Arpa a franchi un nouveau pas en incorporant des excréments de dinosaure dans ses dernières créations de montres.

“J’ai décidé d’aller plus loin et d’utiliser le matériau interdit, le coprolite”, un terme utilisé en paléontologie pour désigner les excréments fossilisés, raconte à l’AFP le fondateur de la maison d’horlogerie Artya en marge du salon Baselworld, qui se déroule jusqu’au 25 mars à Bâle (nord de la Suisse).

“Heureusement, la couleur à l’intérieur est magnifique et ça a 100 millions d’années, c’est l’antimatériau” par excellence, ajoute Yvan Arpa, un mathématicien dont la société a son siège à Vesenaz, près de Genève.

La matière fécale fossilisée, provenant d’un dinosaure herbivore dont l’espèce n’a pu être déterminée, sert de fond blanc nacré, veiné de gris et d’orange, sur lequel se détachent deux aiguilles noires. L’aspect général est brut, accentué par le bracelet en crapaud.

Chaque pièce, vendue 12.000 francs suisses (8.300 euros), est “unique” et surtout certifiée, insiste M. Arpa qui assure qu’un petit marché de fossiles de dinosaure existe.

“Les gens travaillent avec de l’or et de l’argent…, mais moi j’aime transformer du matériau non noble en matériau noble”, explique le fabriquant qui s’était déjà distingué en étant le premier à avoir créé une montre de 300.000 francs (207.500 euros) n’indiquant non pas l’heure mais juste s’il fait jour ou nuit.

Yvan Arpa se targue d’être “très proche de l’art contemporain”. “C’est une approche qui n’est pas du tout pratiquée par l’industrie horlogère”, estime-t-il.

Se réclamant du “côté obscur de l’horlogerie”, le créateur âgé de 45 ans présente également dans sa dernière collection des cadres de montres traités à l’aide d'”éclairs”, à savoir des décharges électriques pouvant allant jusqu’à un million de volts.

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ère création de l’horloger suisse Yvan Arpa, une montre contenant des excréments de dinosaure, le 17 mars 2010 à Bâle (Photo : Fabrice Coffrini)

Yvan Arpa, qui dit vouloir “penser différemment” en déconstruisant le monde traditionnel de l’horlogerie, n’est pas le seul à chercher l’originalité. Son confrère Jean-Marie Schaller a également pensé cette année aux dinosaures.

Sa marque Louis Moinet, établie à Saint-Blaise (ouest de la Suisse), a conçu un modèle de montre à base de fragments d’os d’un dinosaure herbivore qui aurait vécu il y a 150 millions d’années dans le nord-ouest du continent américain.

Accompagnée d’un certificat authentifiant la provenance de l’os, qui en forme le fond rouge-brun granuleux, la montre est vendue 310.000 francs suisses (214.400 euros).

Contrairement à celle d’Yvan Arpa, elle a tout d’une montre de luxe suisse traditionnelle: elle est équipée du fameux tourbillon — un mécanisme complexe permettant de lutter contre les effets de la gravité qui finissent habituellement par dérégler le système — ainsi que d’un cadre serti de diamants.

“Notre idée était de combiner l’art de l’horlogerie avec des matériaux spéciaux”, explique Jean-Marie Schaller à l’AFP.

Par le passé, il a déjà incorporé dans ses montres de la météorite provenant de la planète Mars et de la météorite baptisée “Pierre de Rosette” car elle est la plus âgée du système solaire découverte à ce jour, vieille de 4,56 milliards d’années.

“Nous avions déjà utilisé des météorites pour créer une série faisant voyager à travers l’espace, maintenant, on veut faire la même chose en donnant l’impression de voyager à travers le temps”, assure l’horloger suisse.