Tunisie – Spécial salon Banque : Leila Khaiat (membre du BE de l’UTICA)

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: Pensez-vous que les institutions financières assurent un rôle efficace au
niveau du développement de
l’entrepreneuriat et du renforcement du tissu PME/PMI
dans notre pays?

Leila Khaiat : En tant que chefs d’entreprise, nous nous réjouissons du climat
des affaires plutôt stimulant dans notre pays, nous ne sommes pas les seuls à le
penser. Les investisseurs étrangers installés en Tunisie le reconnaissent et le
meilleur témoignage en est celui des entreprises de France, d’Italie,
d’Allemagne, de Corée et même du Japon qui choisissent d’investir chez nous.
Nous assistons à une grande diversité d’institutions financières. Les banques se
mettent à niveau et essaient de se rapprocher des clients par l’ouverture
d’agences sur tout le territoire.

Un banquier affirme qu’en Tunisie nous comptons une agence pour 7.000 habitants!
Certes cet effort est à louer, mais en cette période de crise économique
mondiale qui continue à faire des vagues, même chez nous, la banque répond-elle
aux contraintes qui s’imposent à la PME/PMI dans notre pays? La réponse est :
peut beaucoup mieux faire!

Je me permets d’ajouter que dans le discours d’ouverture du séminaire organisé
conjointement par la
BCT et
l’APTBEF autour de “la gouvernance bancaire dans les
pays du Maghreb : Quelles opportunités pour l’après-crise?”, le gouverneur de la
Banque centrale a relevé, je cite : “le laxisme d’octroi des crédits”.

On reproche très souvent aux banques tunisiennes de ne pas s’internationaliser
pour accompagner les efforts de certaines entreprises locales à s’exporter.
Serait-ce selon vous un handicap pour les entreprises tunisiennes qui n’ont pas
de soutien financier à l’international?

Nous avons la chance de bénéficier d’une politique au plus haut niveau nettement
prospective et c’est d’ ailleurs ce qui a permis d’éviter à notre pays la crise
financière qui a ébranlé les pays développés. On incite l’entreprise à
s’exporter, quant aux banques et ce que vous appelez leur internationalisation
pour accompagner les entreprises, il convient de reconnaître qu’elles ne suivent
pas, elles sont plutôt réticentes et ne soutiennent pas des velléités qui,
pourtant, s’imposent dans une économie globalisée.

Que pensez-vous de la qualité des services des banques tunisiennes ont-elles,
selon vous, atteint les standards internationaux?

Certes les banques tunisiennes améliorent et diversifient les produits. La
question cruciale et qui fait un tant soit peu défaut, me semble-t-il, c’est
l’information bancaire. Des chefs d’entreprise de plusieurs régions en souffrent
et l’expriment. Ils déplorent aussi la carence en cadres -conseil- projet par
secteur.

Le colloque organisé au siège de l’UTICA en mars dernier qui a réuni PME et
banques a fait un certain nombre de recommandations pertinentes pour un
partenariat banque -entreprise fécond basé sur la confiance et la transparence.
J’ai à ce titre relevé une citation énoncée par l’excellent conférencier M.P.H.CASSOU, Sénior Advisor- Cabinet Deloitte, lors du séminaire organisé en
marge du Salon de la Monétique et des services financière à propos de la
gouvernance financière, “la confiance s’acquiert au rythme d’une fourmi et se
perd au galop” et l’orateur d’ajouter: “une banque repose sur la confiance de sa
clientèle”

Je rappelle une recommandation qui me paraît particulièrement importante, celle
relative à la délicate mission de médiateur: il a été demandé que le médiateur
ne soit plus un fonctionnaire de la banque mais cette mission serait confiée à
une commission tripartite composée de la banque, la BCT et l ‘UTICA. Cela
éviterait toute interprétation prêtant à équivoque.

Comment voyez-vous l’avenir du secteur bancaire en Tunisie?

Le président Ben Ali, dans son programme, a déclaré en substance “….faire de
la Tunisie un pôle régional de services financiers pour contribuer à drainer les
investissements et à renforcer l’efficacité de l’économie nationale dans son
environnement extérieur….” C’est la garantie suprême de lendemains meilleurs
pour l’avenir et de la banque et de l’entreprise car l’une ne peut exister sans
l’autre.