Le G20 Finances s’ouvre avec des désaccords sur le climat et les bonus

[06/11/2009 19:07:51] SAINT ANDREWS (AFP)

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à St Andrews, le 6 novembre 2009 (Photo : Geoff Caddick)

Les grands argentiers du G20 se retrouvaient vendredi soir en Ecosse pour ausculter l’économie mondiale convalescente, et débattre de changement climatique, sujet très peu consensuel, tandis que la France se démenait de nouveau pour remettre les bonus au centre des débats.

Les ministres des Finances et banquiers centraux du G20 se rencontrent, vendredi soir et samedi à Saint Andrews, dans un hôtel isolé avec vue sur la mer du Nord, un des établissements les plus luxueux de ce berceau historique du golf. C’est leur troisième et dernière réunion sous présidence britannique cette année, outre le sommet des chefs d’Etat tenu à Londres en avril.

Les débats porteront sur la mise en place du “cadre de travail” décidé lors du sommet de Pittsburgh aux Etats-Unis fin septembre, un mode de fonctionnement basé sur la surveillance multilatérale, avec le Fonds monétaire international comme arbitre.

Dans une interview publiée vendredi par quatre journaux européens, le ministre britannique des Finances Alistair Darling a estimé qu’il fallait “continuer le travail du G20 commencé depuis un an”. “Si nous n’agissons pas, il y a le risque que nous fassions face à une décennie de croissance molle et de faible emploi”, a-t-il souligné, en jugeant que, d’ores et déjà, “le chômage est trop haut”.

Les grandes banques centrales, Fed américaine, Banque centrale européenne (BCE) et Banque d’Angleterre, ont toutes maintenu leurs taux à des niveaux historiquement bas mercredi et jeudi, en notant que les signes de reprise étaient loin d’être suffisamment installés pour modifier leur politique monétaire.

L’autre grand débat, et le plus difficile, sera celui sur le financement de la lutte contre le changement climatique pour les pays les plus pauvres. La semaine dernière, les Européens ont fixé un objectif mondial de 100 milliards d’euros par an d’ici à 2020.

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Emissions de CO2 par habitant dans les pays du G8 et du G5 en 2008-09 (Photo : Sophie Ramis)

Mais ils se sont bien gardés de s’engager sur leur propre contribution à cette manne. La situation est pour l’instant bloquée, notamment par de grands pays émergents comme la Chine qui ne s’estiment pas encore suffisamment riches pour prendre part à cette aide, tout en participant largement à la pollution.

Dans une tribune à l’Independent vendredi, M. Darling a noté qu’il y avait “des barrières importantes” à un accord sur le climat. Le G20 Finances devrait surtout réfléchir ce week-end à la manière dont l’argent, quels que soient les donateurs, sera distribué à ses destinataires, “le manque de confiance” étant une des principales pierres d’achoppement, selon le ministre.

La question des bonus, du point de vue de la plupart des participants, a été largement résolue à Pittsburgh par l’adoption d’un cadre général portant sur leur étalement et leur versement majoritairement en actions. “Chacun met des mesures en place”, a noté une source britannique, rappelant que le Forum de stabilité financière (FSB) devait encore reformuler des propositions en mars.

Mais la France, dont c’est le cheval de bataille, devrait de nouveau tenter de ramener les débats sur cette question ce week-end.

Elle a repris l’initiative sur ce sujet jeudi en devenant le premier pays à inscrire dans un texte officiel des contraintes pour l’attribution des bonus, avec un arrêté au Journal Officiel.

La ministre des Finances Christine Lagarde a appelé vendredi sur la BBC les Britanniques, notamment, à en faire autant.

Elle a reconnu qu’ils avaient été “un peu en avance” en publiant “des documents, des principes et des recommandations”.

“Mais je pense qu’on peut faire un peu mieux, graver réellement dans le marbre le fait que nous voulons arrêter les excès, mettre fin aux abus, et aux bonus qui incitent à prendre des risques”, a-t-elle dit.