Entre constructeurs japonais, le match hybride-électrique est engagé

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ésentée au salon de Genève, le 3 mars 2009 (Photo : Nicholas Ratzenboeck)

[22/10/2009 16:55:11] CHIBA (AFP) Inconditionnels des voitures hybrides contre partisans des voitures électriques: le match est lancé entre constructeurs automobiles japonais pour trouver le véhicule écologique qui, d’ici une dizaine d’années, dominera le marché mondial.

Tous partent d’un même constat: le pétrole va rester cher, la lutte contre les émissions polluantes va s’intensifier, et le moteur à combustion devra peu à peu être remplacé par autre chose.

D’un côté, Toyota et Honda prédisent que les moteurs hybrides, utilisant alternativement l’essence et l’électricité, deviendront dominants. Et que les voitures purement électriques resteront un marché marginal, réservé aux conducteurs parcourant uniquement de petites distances.

De l’autre côté, Nissan promet un brillant avenir aux voitures électriques, et considère l’hybride comme une simple technologie de transition.

Toyota, qui a lancé la première hybride, la “Prius”, il y a douze ans, mise gros sur les prochaines versions dont la batterie pourra être rechargée sur une simple prise de courant domestique. Le numéro un japonais prévoit que l’hybride représentera 30% de sa production à l’horizon 2020.

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ésente la nouvelle berline électrique de la marque baptisée “Leaf”, le 21 octobre à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

“Les hybrides emploient toutes les technologies nécessaires pour s’imposer comme la nouvelle génération de véhicules”, affirme le vice-président de Toyota chargé de la recherche et développement, Takeshi Uchiyamada. Selon lui, “le marché pour les véhicules purement électriques reste très limité”.

“Nous voyons les voitures électriques non comme un marché de niche, mais comme un marché de masse”, rétorque le PDG de Nissan, Carlos Ghosn, sceptique à l’égard de l’hybride.

Nissan lancera en 2010 sa première berline tout-électrique, la “Leaf”. Le groupe va développer une gamme complète de voitures électriques, prédisant qu’elles représenteront 10% du marché mondial en 2020.

Les électriques restent chères à produire et leur autonomie est limitée (160 km pour la “Leaf”). Les hybrides ont un rayon d’action plus long, mais elles sont complexes à fabriquer et elles utilisent encore de l’essence.

Pour deviner qui l’emportera, les analystes sont aussi divisés que les industriels.

“Les hybrides se vendent très bien pour le moment. Mais l’électrique a un plus grand potentiel. Les hybrides sont très compliquées, avec deux systèmes de conduite. Elles nécessitent beaucoup de composants et elles sont plus lourdes”, opine l’analyste indépendant Tatsuya Mizuno.

M. Mizuno applaudit la stratégie de Nissan consistant à ne pas vendre la batterie avec la voiture, mais à la louer, de façon à ce qu’elle puisse être remplacée en quelques minutes. Dans le même temps, Nissan multiplie les accords avec les gouvernements et collectivités locales pour qu’ils créent sur leur territoire d’un réseau de points de recharge et de remplacement de batteries.

“Et dans quelques années, les coûts de production chuteront. Le prix de la voiture pourra tomber sous les deux millions de yens (15.000 euros). Alors, la demande explosera”, poursuit-il.

“En 2020, les hybrides seront bien plus nombreux que les électriques”, juge au contraire Ashvin Chotai, du cabinet Intelligence Automotive Asia, selon qui tisser un réseau de stations de recharge, clé de voûte de la stratégie de Nissan, ne sera peut-être pas aussi facile que prévu.

Toyota et Honda fondent également de gros espoirs sur la pile à combustible, qui fonctionne à l’hydrogène. Une technologie encore loin d’être au point mais qui, prédit M. Chotai, connaîtra une percée vers 2030.

“Quand cette percée se produira, alors les voitures électriques seront menacées”, avertit-il.