Tunisie-Algérie : Slim Othmani sur le point de réaliser son rêve maghrébin ?

Maghrébin, il l’est, personnellement, jusqu’au bout des ongles. Algérien de
naissance, Slim Othmani est également Tunisien de fait et de droit, puisque
marié à une Tunisienne, Rym Hachicha, à laquelle il est associé dans le groupe
bâti autour de Cérès Conseil que le groupe avait racheté voici quelques années.

Son ambition est aujourd’hui de devenir un entrepreneur maghrébin. En effet, cet
ingénieur informaticien, spécialisé dans les réseaux -qui a fait ses études
supérieures pour l’essentiel en Tunisie, à la Faculté des Sciences de Tunis et à
la South Mediterranean School of Business de Tunis- cherche depuis quelques
années à donner une dimension maghrébine à l’entreprise familiale –Nouvelle
Conserverie Algérienne (NCA), spécialisée dans les jus de fruits- qu’il dirige
depuis dix ans.

En 2006, il avait entamé des discussions exploratoires avec des entrepreneurs de
la région –il s’intéresse à la Tunisie, au Maroc et à la Libye- en vue de les
convaincre de s’associer à son projet de construction d’un champion régional
dans le secteur des jus de fruits. Trois ans plus tard, ses efforts n’ont pas
encore abouti. Notamment parce que «l’entrepreneur algérien est confronté à la
difficulté d’investir dans le Maghreb. Investir en dehors de l’Algérie est un
acte complexe; supposant un processus administratif long qui, en général,
n’aboutit pas», explique Slim Othmani. Qui, sans aller jusqu’à la justifier, dit
comprendre les causes de cette attitude des autorités algériennes. Selon lui
«des raisons multiples ont conduit évidemment la Banque d’Algérie et les
institutions financières à faire en sorte que nous chefs d’entreprises ne
puissions pas» investir à l’étranger.

D’abord, «l’environnement n’est pas encore prêt à pouvoir suivre ces
investissements extraterritoriaux. Ensuite, l’Algérie est convaincue que les
ressources qu’elle met à la disposition des chefs d’entreprise doivent avant
tout servir à créer des richesses dans le pays et non ailleurs», constate le
chef d’entreprise.

Malgré cela, le projet maghrébin de la NCA-Rouiba «n’est absolument pas
abandonné», assure M. Othmani. Qui révèle que «nous avons trouvé une piste que
nous allons explorer et qui pourrait aboutir dans 7 à 10 jours, ou, au plus
tard, avant le 31 décembre».

Et pour l’instant, ce patron algérien privilégie un développement en Tunisie et
au Maroc où il pense pouvoir «occuper rapidement une place en apportant une
offre différenciée et répondant aux attentes de ces marchés là». La Libye, bien
que considérée comme «le marché le plus intéressant en termes de taille et de
volume», est, pour l’instant, écartée car «avec les acteurs fortement présents
qui y opèrent, la concurrence serait beaucoup plus rude».

Ces projets de développement seraient concrétisés avec des partenaires locaux,
car Slim Othmani affirme haut et fort qu’il «ne croit pas à l’aventure
maghrébine seul». Et parce que la circulation des capitaux –tout comme celle des
hommes aussi- est fort compliquée au Maghreb, le patron de NCA-Rouiba a fait
sienne une idée –l’échange d’actions entre entreprises maghrébines d’un même
secteur- lancée en 2006 par un intervenant aux journées de l’entreprise, et qui
est susceptible de faciliter d’un éventuel rapprochement ou fusion d’entreprises
maghrébines. Plus, notre interlocuteur pense que «cet instrument devrait être
promu par les institutions financières des pays du Maghreb. Pour deux raisons au
moins : d’abord, «cette idée simple, mais peut-être complexe dans la mise en
œuvre, permet un rapprochement rapide». Ensuite, «il y a beaucoup d’acteurs qui
ont envie de se ‘’marier’’. Donnons-leur cette possibilité».