Grève du lait : les éleveurs préparent une “journée blanche”

[18/09/2009 06:34:08] RENNES (AFP)

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éversent du lait à Rennes, le 15 septembre 2009 (Photo : Marcel Mochet)

Les éleveurs de la filière laitière, en grève depuis une semaine, se préparent à une “journée blanche” vendredi avec épandage “massif” de leur production, en dépit des nouvelles propositions de Bruxelles destinées à répondre à leur inquiétude sur la baisse des prix.

Un rassemblement “gigantesque” avec déversement de centaines de milliers de litres de lait est entre autres annoncé à Tanis (Manche), à proximité du Mont Saint-Michel.

“Il y aura une manifestation dans toutes les régions au même moment vendredi, par obligation, pour démontrer qu’on fait plus que les 7% de grévistes comme le dit M. Lemétayer”, a expliqué à l’AFP Pascal Massol, président de l’Association des producteurs laitiers indépendants (Apli), accusant le président de la FNSEA de faire “l’intoxication avec les industriels”.

Une semaine après son déclenchement, l’impact de la grève du lait reste toutefois très difficile à mesurer.

Selon qu’ils émanent des industriels et syndicalistes non grévistes ou des producteurs favorables au mouvement, les chiffres de participation sont d’ailleurs extrêmement contrastés, allant de “5 à 10%” à “plus de 50% de grévistes”.

En Charente, Philippe Varacher, membre de l’Apli et producteur à Verneuil, estime à “40% aujourd’hui” (jeudi) le nombre de grévistes, contre “10%” au début de mouvement. “On va vers les 60%”, assure-t-il.

“On s’achemine vers un blocage complet des laiteries ce week-end par manque de lait. C’est du jamais vu”, a affirmé de son côté Yves Leperlier, président de la commission lait de la Confédération paysanne.

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épond à des producteurs, le 15 septembre 2009 à Rennes (Photo : Marcel Mochet)

En Midi-Pyrénées, le secrétaire général de la branche lait de la FRSEA (hostile à la grève) Jean Doumeng a jugé “très exagérée” l’évaluation de 50% de gréviste dans sa région, mais a reconnu qu’il manquait un quart de la collecte chez Danone à Villecomtal (Gers) et chez Bongrain dans les Pyrénées Atlantiques.

Au niveau national, la Fédération des producteurs laitiers (FNPL), branche spécialisée de la FNSEA, évalue le “refus de livraison”, autrement dit le taux des grévistes, entre 5 et 10%.

Côté industriels, l’Association de la Transformation Laitière Française (Atla), qui réunit les laiteries privées et les coopératives, a maintenu jeudi les chiffres annoncés la veille avec une collecte en baisse de 7 à 8% par rapport à l’an dernier à la même époque.

Pour répondre à la détresse des agriculteurs, qui vendent leur lait à un prix souvent inférieur aux coûts de production, la Commission européenne a proposé jeudi une série de mesures dont un assouplissement des règles de recours à des sortes de “primes à la casse” pour la restructuration du secteur.

Mais elle n’envisage pas de revenir sur l’abolition du système des quotas, pourtant jugée indispensable par les grévistes, pour endiguer la production.

Le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, a estimé jeudi en marge du salon de l’élevage (Space) à Rennes que ces propositions n’étaient “pas supportables” et a demandé “le départ” de la commissaire.

Le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire va recevoir vendredi matin les producteurs de lait, à partir de 08H15, a-t-il annoncé dans un communiqué.

En attendant, les actions se sont poursuivies jeudi. Dans le Calvados à Isigny-sur-mer, environ 300.000 litres de lait ont été épandus, selon les gendarmes et un membre de l’Apli.